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Le chasseur sachant chasser avec ses chiennes

Jean-Claude, casquette rivée quel que soit le contexte climatique sur un crâne dégarni, arrive toujours sur la terrasse du Bistrot les Copains aux abords de midi chaque mercredi. Avec son physique de Raimu, il rejoint les habitués pour une ou deux tournées de blanc sec ne laissant pas sa . Depuis de longs mois, sa santé l’a empêché de prendre son pied tous les week-ends. Impossible de se déplacer puisqu’un gros orteil infecté lui interdisait de longs parcours avec sa petite meute, par monts et par vaux, destinés aux battues aux chevreuils ou aux sangliers sur tout l’Entre-Deux-Mers.

Le samedi et le dimanche, dès que l’automne s’annonce, Jean-Claude se fait rare à Créon. Sa passion pour la traque de ces animaux de plus en plus nombreux lui impose un emploi du temps extrêmement fourni. Son fusil lui sert fort peu puisque son rôle n’implique pas qu’il tire le moindre coup de feu puisque lui ne s’occupe que de ses chiennes. « Ça m’est arrivé lorsque les sangliers en particulier devenaient menaçants explique-t-il. J’ai été attaqué par un cochon blessé à saint-André du bois il y a quelques années. Je n’hésiterais pas à recommencer pour défendre mes chiennes » ajoute celui qui vit toute l’année pour les neuf beagles qu’il entretient pour débusquer un « gibier » régulé par des battues.

Il est donc appelé par des ACCA pour bénévolement accompagner les chasseurs chargés de diminuer la pression exercée sur les cultures et même les propriétés privées par une faune qui ne cesse d’augmenter en raison de l’absence de prédateurs naturels. «  A partir du mois de septembre, ma ‘petite’ meute travaille absolument tous les week-ends quel que soit le temps. Je la réserve uniquement pour repérer les chevreuils car je ne souhaite pas la mettre en danger face aux sangliers. Le nombre de chiens tués ou blessés par les cochons est impressionnant mais sur des meutes de 30 ou 40 chianes ce n’est pas très grave. Dans une battue j’en ai vu une dizaine expédiée au tapis dont quatre morts. Le propriétaire a eu pour près de 10 000 € de frais de vétérinaire.. »

Ses beagles occupent une grande partie de son emploi du temps. « Je ne possède que que des chiennes de cette espèce. Certaines vivent en extérieur et d’autres à l’intérieur même de la maison. Ça dépend de leur état de forme et de leur comportement. » Les beagles, petits canidés agiles, valeureux, teigneux, endurants deviennent redoutables lorsqu’on les lâche à la poursuite du gibier. « Mon épouse s’occupe d’eux presque comme des enfants. Je vais tous les trimestres leur acheter des boulettes de nourriture spéciale en Dordogne. J’en ai pour 360 € qui s’ajoutent à tout le reste avoue Jean-Claude. Ma retraite n’est pas terrible ce qui nous impose des sacrifices. Mes chiennes passent avant bien d’autres projets. C’est pour ça que je ne les expose pas dans les battues aux sangliers. »

En cette matinale dominicale d’un été mitigé, l’homme qui parle aux Beagles conte avec soin ce partage indispensable existant entre lui et ses protégés. «  J’essaie de les suivre dans les bois mais maintenant c’est très difficile physiquement pour moi. Alors il faut les précéder, anticiper leur parcours et les récupérer quand la poursuite s’achève. On ne réussit pas à tous les coups à débusquer un chevreuil. On rentre bredouilles. Souvent j’ai du mal à les arrêter car elles chercheraient toute la journée. ils faut que je hausse le ton. Elles sont infatiguables. » Animé d’une passion « raisonnable Il goûte avec une satisfaction que l’on ressent bien à son statut de chasseur sachant chasser avec ses chiens car il le considère comme utile à l’intérêt général.

La pandémie a suspendu les activités de régulation. La circulation automobile a été réduite durant le couvre-feu sanitaire. Les animaux se sont rapporchés des zones d’habitation. Les dégâts aux cultures se multiplient et il est certain que les populations des espèces visées par le battues, n’ont pas diminué. Même si elles sont critiquées ces organisations semblent de plus en plus indispensables. Les arbustes, les pousses tendres des plantations, les vignes souffrent.  Les accidents de la route se multiplient depuis plusieurs mois. Jean-Claude et ses beagles y prendront encore leur part dès que ce sera autorisé, sans excès mais avec détermination. Pour le moment il faut surtout contenir une augmentation exponentielle des hardes.

La rentrée approche. Les beagles ne savent pas qu’ils deviennent au fil des ans un véritable enjeu dans un monde où tout devient affrontement manichéen. Leur maître reste serein : ses chiennes seront prêtes ! Toutes de la même lignée elles affichent une certaine impatience après avoir assuré leur descendance. Jean-Paul sait qu’il leur doit beaucoup. Entre ses hospitalisations et son immobilité forcée elles l’ont maintenu dans l’espoir de reprendre, un jour, les grandes escapades d’une journée dans cette campagne qu’il n’aime pas électorale mais naturelle !

Cet article a 7 commentaires

  1. J.J.

    C’est vrai que ce grands gibiers constituent une nuisance grave.
    Comme on les chasse en campagne, ils se réfugient près des villes où l’on ne peut plus les chasser : tirs interdits !
    À mins d’un kilomètre du centre ville(quand ils ne vont pas y faire un tour), ils envahissent les jardins : par exemple, jeunes haricots et boutons tendres des rosiers broutés par les chevreuils, plates bandes défoncées par les sangliers en quête de taupes ou de lombrics. Une vraie désolation.

    À la lecture de ce texte, on pense évidemment au « Beagle », célèbre navire qui emmena Charles Darwin dans un grand périple pendant lequel ses observations lui inspirèrent la « Théorie de l’Évolution », scandaleuse et hérétique déclaration pour les religieux de l’époque.
    Certains esprits fanatiques et bas du front, comme les « platistes », malgré les évidences, ne l’acceptent toujours pas .
    « Beati pauperes spiritu…

  2. Laure Garralaga Lataste

    @ à J . J .
    C’est que ce gibier est malin… !
    Je peux même ajouter… intelligent : se rapprocher des villes sachant que les tirs y sont interdits… ! Comment cela s’appelle-t-il ?

    1. J.J.

      Laure @ « se rapprocher des villes sachant que les tirs y sont interdits… ! Comment cela s’appelle-t-il ? »
      Peut être tout simplement une illustration de la théorie de l’Évolution : s’adapter pour survivre.
      Les animaux, que je ne pense certainement pas dénués d’intelligence, n’ont peut être quand même pas compris que les tirs étaient interdits, mais simplement constaté qu’il n’y en a pas !

  3. Laure Garralaga Lataste

    Je n’ignore pas que mon échange avec J . J . risque de soulever la polémique !
    Aussi, voici la définition de ce qu’est l’intelligence : … est l’ensemble des processus retrouvés dans des systèmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent de comprendre, d’apprendre ou de s’adapter à des situations nouvelles. Wikipédia

  4. Grene christian

    Bonjour à tou(te)s!
    Je reviendrai un peu plus tard sur le sujet du jour proposé par le maître d’école. Je voulais juste demander à Laure si la passion des anagrammes et des mots croisés émargeaient au domaine de l’intelligence. Si oui, j’avais soumis il y a quelques jours une anagramme à votre sagacité: « Les éditions Flammarion ». En voici une réponse: « L’arôme des mots à l’infini ».
    Maintenant, je vous laisse parce que, à cette heure-là, vous avez sans doute les… crocs. Une autre anagramme vous attend. Ad’taleur!

  5. Grene christian

    J’aime pas la chasse. Quand on m’en parle, je me mets en chien de fusil et je montre les canines.
    J’en reviens maintenant à ma passion pour les anagrammes. Parce que né comme moi à Saint-André-de-Cubzac, « le commandant Cousteau » est écrit au programme sur le tableau noir. Méningez-vous quand même un peu!

  6. Grene christian

    Il est bientôt 17 heures. La cloche va sonner et l’école fermer ses portes. La classe reprendra demain à 9h00, même si le directeur sera là deux heures avant. Au tableau j’écrirai Hamlet de William Shakespeare. Anagramme: « Etre ou ne pas être, telle est la question ».
    Pour « le commandant Cousteau » il fallait lire: « Tout commença dans l’eau ».

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