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Les naufragés morts au champ de notre déshonneur

Mercredi le variant Delta a causé le décès si l’on se fie aux statistiques, de 52 personnes sur tout le territoire français. Un nombre qui a mobilisé avec toutes ses nombres et graphiques afférents, le gouvernement et tous les pouvoirs publics. Des annonces solennelles avec un déploiement médiatique considérable tentent de persuader des millions de Français de toutes les générations qu’il faut prendre soin des autres en les protégeant de la contamination. Les moyens proposés sont à la mesure de cette crise pour laquelle les qualificatifs utilisés enflent au fil des jours. La mort nous effraie.

Dans la Manche 27 humains, jeunes pour la très grande majorité d’entre eux, ont perdu la vie lors de ce qui était pour eux la traversée de l’espoir. Noyés dans une mer mouvante, sombre, glacée ils ont donné un coup d’accélérateur à un recensement des disparitions dans des conditions similaires. En fait l’émotion aura duré quelques heures et généré le déplacement du patron des forces pour lesquelles l’ordre réside dans la destruction des tentes ou des abris de mauvaise fortune de ces prétendants à la traversée. Bien évidemment personne ne saurait être « responsable » et encore moins « coupable » de ces événements dramatiques. 

Avec une lucidité salvatrice, tout ce beau monde « affligé » qui lâche des larmes de crocodiles a déniché les coupables : les passeurs ! Une « révélation » subite permettant bien évidemment d’éviter le débat de fond. Inutile de préciser que depuis l’origine des temps, dans toute migration il existe des « exploiteurs » de l’espérance des autres. S’il a fallu attendre ce terrible naufrage pour que débute la chasse aux profiteurs du désespoir de ces quelques milliers d’êtres humains croyant que leur avenir se trouve de l’autre coté de l’un des couloirs maritimes le plus fréquenté, c’est affolant. Il y a longtemps que celles et ceux qui s’intéressent tant soit peu aux « passeurs » savent qu’ils sont installés en Angleterre pas loin de ce temple du profit qu’est la City. Il brassent des millions et ne férquenetn que les piscines chauffées. 

Ce drame a une valeur hautement symbolique puisque l’embarcation des malheureux migrants aurait été heurtée par l’un de ces navires qui traversent les océans pour apporter à nos sociétés ces biens devant satisfaire nos appétits de consommation. Souvent d’ailleurs ces cargos sont chargés des matières premières, des denrées venant des pays quittés par ces femmes (rares) et ces hommes en quête de ce monde meilleur qui n’est plus celui de leurs origines. On ne connaîtra jamais la vérité sur cette collision puisque le « géant » ne s’en est probablement pas aperçu. Que pèse d’ailleurs 27 vies de migrants face aux impératifs de la circulation des monstres des mers et au prix de leur cargaison ? 

La réponse a été immédiate de la part des Anglais : mépris intégral au nom des intérêts électoraux, de ces demandeurs d’asile ayant choisi souvent à cause de leur langue et des liens familiaux, de gagner à tout prix les rivages face à Calais. Seule proposition : fournir à la France (sous-entendu incapable de contrôler ses cotes) des hommes et du matériel supplémentaires pour empêcher cette migration maritime. Le cynisme absolu. Comment ne pas se souvenir que les médias britanniques avaient indiqué il y a quelques mois que l’échevelé d’Outre-Manche avait agité la menace de ne plus verser sa participation financière ( 62,7 millions d’euros promis en 2021) pour le contrôle de la frontière. Une manière de se défausser sur la France et plus encore de satisfaire son opinion publique. Le sale boulot pour les Français. La gloire pour Jonhson! 

Au 20 novembre, 31 500 migrants ont en effet quitté les côtes françaises depuis le 1er janvier 2021 et 7800 migrants ont été secourus en mer.  En 2020, les traversées et tentatives de traversée avaient concerné quelque 9500 personnes, contre 2300 en 2019 et 600 en 2018. Aucune des mesures prises ne stoppe l’envie de tourner la page d’existences désespérantes. Peu importe le danger. C’est une constante de toutes les migrations. On n’enseigne pas en Grande-Bretagne que le « Mayflower » en 1620, transportait des dissidents religieux anglais, les Pilgrim fathers ou « Pères pèlerins », et d’autres Européens à la recherche d’un lieu pour pratiquer librement leur religion.

Une tempête avait bien failli les priver de leur installation dans le nouveau monde qui conduisit un fameux « grand remplacement » sur tout le continent. Oublié qu’entre 1819 et 1840 environ 743 000 immigrés arrivent aux États-Unis. Parmi eux plus de 80 % d’Irlandais (335 000), d’Allemands (155 000) et de Britanniques (103 000). … Entre 1840 et 1860 plus de 4 millions d’Européens sont arrivés aux États-Unis. 75 % d’entre eux venaient d’Irlande et d’Allemagne.

Sur les 27 migrants morts, 17 étaient des hommes, 7 étaient des femmes dont une enceinte et 3 passagers « jeunes » sans plus de détail sur leur âge exact. Les victimes sont originaires du Moyen-Orient. Ils sont morts au champ de l’horreur et de l’indifférence. Ils sont les morts d’une « guerre » qui ne fait que commencer. Ils sont les morts de notre déshonneur.

Cet article a 10 commentaires

  1. christian grené

    Je suis incapable d’apporter mon grain de sel à ce terrible constat.
    Bonne journée à tou(te)s quand même!

  2. Laure Garralaga Lataste

    À ce terrible constat j’ajouterai… « Et qu’il ne jette pas aux oubliettes les victimes méditerranéennes » !

  3. J.J.

    Pouvez vous m’expliquer la différence entre la situation, et la différence de comportement des états vis à vis des migrants :
    Biélorussie -Pologne et France -Grande Bretagne ?

    Il y en a au moins une, c’est vrai, à la frontière polonaise on risque seulement de mourir de froid (à la rigueur de faim), c’est moins spectaculaire.

  4. Bernie

    Notre pays repose sur un système situationiste. Les migrants qu’ils viennent du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest doivent faire l’effort de se faire vacciner pour vivre sur le sol français.

  5. Bernie

    Schengen est un accord qui authentifie l’espace.

  6. Bernie

    Seule l’ONU peut faire quelque chose

  7. Bernie

    La prévention des risques devraient être mise en place. Des bateaux surs et non des embarcations de fortune pourraient éviter des morts

  8. facon jf

    Bonjour,
    pauvres victimes d’un monde en perdition… « Il faut que les autorités reconnaissent l’impasse mortifère à laquelle conduit la politique actuelle » hurle Laurent Giovannoni, responsable du département accueil et droits des étrangers au secours catholique.
    La machine administrative broie des êtres humains en créant l’usine à gaz des accords de Dublin version 3, L’ UE ( RSS !!) a réussi à inventer un piège mortel. En raison des accords de Dublin, que les Anglais ont quitté après le Brexit, un seul état est en charge d’examiner les droits du migrant(e). L’objectif de ce mécanisme interétatique est de contrôler et de limiter les mouvements à l’intérieur du territoire de l’UE, puisqu’une fois que les personnes y sont entrées, il n’y a en principe plus de contrôle aux frontières internes et elles peuvent donc circuler d’un pays à l’autre. La détermination de l’état responsable se fait au moyens de 8 critères. Mais en réalité c’est en général l’État via lequel le demandeur d’asile est entré irrégulièrement dans l’UE qui est considéré comme étant responsable du traitement de la demande d’asile (critère 4). Dans les faits, c’est le critère le plus appliqué… Ce qui fait peser une pression plus forte sur les pays du sud de l’Europe, pays d’entrée dans l’UE, et pose de gros problèmes. C’est ce qui explique la politique des « murs » dans les pays du sud de l’ UE (RSS!) et maintenant des pays frontières de l’est.
    Pour revenir à notre pays, les migrants Dublinnés sont dans l’impossibilité d’avoir accès à une procédure en France. On leur propose des hébergements à 200 kms de Calais, mais pour quoi faire, puisqu’ils ne peuvent demander l’asile en France. Ne pas lever la procédure Dublin, c’est à nouveau leur dire : vous n’êtes pas les bienvenus en France, vous n’y avez pas d’avenir, partez !
    Mais ils ne peuvent pas partir , car la France a accepté d’être le garde-frontière des Anglais et d’empêcher les personnes de rejoindre légalement la Grande-Bretagne. Sans solution légale, les gens prennent, encore une fois, tous les risques pour tenter de partir.
    Le piège est refermé sur ces êtres humains en total désespoir résignés au risque de mourir noyés.
    Le concours de la frontière la plus mortelle pour les migrants est ouvert, notre pays (des droits de l’homme) montera-t-il sur le podium ?
    Pour moi pas de différence entre Turquie/Grèce, Pologne/Biélorussie, France/ Angleterre, Maroc/Espagne dans le bal des faux-culs utilisant le vie des migrants pour faire pression sur l’adversaire. La presstituée faisant mine de s’apitoyer sur les victimes nous cache la réalité des enjeux « diplomatiques » qui orchestrent savamment ces mises en scènes dramatiques.
    bonne journée

  9. Bernie

    Oui façon jf, c’est une orchestration télévisuelle. Johnson et le 1er ministre français n’ont rien fait. C’était bien à la France présente dans l’Union européenne après le Brexit de venir en aide à la politique migatoire dans le Nord de la France.

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