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Tout le monde ne parle pas des mêmes valeurs

Derrière la fragmentation de la gauche aux élections présidentielles présentée comme une résultante de différences idéologiques fortes se profile une opération de saute mouton aux allures strictement financière. Considérant qu’il sera difficile dans une France aux valeurs progressistes qui vote à Droite de passer le cap du premier tour de cette échéance, les états-majors se focalisent sur les législatives. Les yeux rivés sur les sondages ils envisagent la fameuse distribution des circonscriptions et surtout les conséquences financières du score des candidats.

Le premier paramètre réside dans la fameuse barre des 5 % qui génère le remboursement des frais de campagne. En effet la loi prévoit que si l’État verse une avance de 200 000 € lors de la publication de la liste des candidats du premier tour il ne rembourse une partie des frais (,en déduisant l’avance) après qu’à certaines conditions. Pour les candidats présents au premier tour ayant obtenu moins de 5 % des suffrages exprimés, le remboursement s’élève au maximum à seulement… 4,75 % du plafond des dépenses du premier tour (760 000 €) alors que pour ceux qui ont recueilli plus de 5 % des voix, à 47,5 % de ce plafond soit environ 7,6 millions d’euros. Une sacrée différence !

Actuellement il n’y a que Mélenchon et Jadot qui peuvent se permettre de se déplacer, de préparer la suite avec l’assurance de voir leurs caisses renflouées. Il leur faut néanmoins à tous deux les 500 signatures d’élus locaux pour entrer dans le jeu et ensuite percer au niveau des sondages. Souvent les banquiers qui avancent une part de ces sommes deviennent frileux si les scores annoncés stagnent à moins de 5 %… Comme le nombre de militants a considérablement chuté et que les appels aux dons ne rapportent plus grand chose on commence à s’affoler dans les partis historiques de la Gauche.

Cette première analyse ne concerne que les dépenses présidentielle mais n’a pas d’incidence sur le financement des partis déterminés pour la durée de la législature par le résultat aux législatives. Le nombre de voix obtenus par les candidats se réclamant de leur obédience et ultérieurement le nombre d’élus (députés et sénateurs) leur garantiront une rente de situation leur permettant de fonctionner. Actuellement elle est globalement de près de 6 millions pour le PS, de 4,3 pour la France Insoumise, de 4 millions pour le PC et de seulement de 2 millions pour les Verts,… Quant aux autres c’est uniquement les voix obtenus qui les font vivre.

La course à l’échalote a donc début. Le rapport de forces pour d’éventuelles candidatures aux législatives dépendront du niveau des résultats obtenus aux présidentielles dans chaque circonscription. Or il sera difficile pour chaque parti de revendiquer quoi que ce soit s’il n’a pas moyen de collecter des voix avec une candidature à l’Elysée. La situation risque donc que de n’évoluer qu’à la marge et avec des prétendants sans structure susceptible de revendiquer des territoires électoraux. Pour les « historiques » il y a donc fort peu de chances que ça évolue vers une union qui priverait de royalties importants.

Si la situation actuelle à Gauche restait identique la FI et EE-LV peuvent espérer s’en tirer avec un bilan positif de leur financement mais pour les autres ce serait une vraie catastrophe. Il n’y a donc que peu de chances que la hara-kiri de l’union se fasse pour ces deux raisons purement financière. La seule consolation c’est que ce ne sera pas plus facile ailleurs. La chute des subsides sera énorme pour LREM surtout que la multiplication de la galaxie de soutiens au Président sortant ne facilitera pas une présentation monolithique de candidatures. Chaque allié voudra sa part de gâteau.

A droite  LR peut envisager l’avenir avec plus de sérénité car ses partants sont déjà désignés et partants . Mais quid des centristes ralliés ? Entre la Marine et Monsieur Z la situation va se tendre très vite car la première est en situation financière catastrophique et le second a besoin de fonds pour poursuivre durablement son action populiste destructrice. Le paradoxe s’est qu’il risque d’être le grand gagnanat dans ce domaine des rentrées sonnantes et trébuchantes avec plusieurs centaines de millions en vue.

Les lois successives sur le financement de la vie politique pèse donc indirectement sur la situation actuelle et certains candidats aux présidentielles n’auront pas le soutien escompté car les « trésoriers » vont prendre très vite le contrôle de la situation. Ils deviennent partout les hommes les plus importants. Les programmes ne les passionnent guère… te pas davantage la primaire citoyenne !

Cet article a 12 commentaires

  1. christian grené

    Alors, c’est ça « un pognon dingue »?

  2. Philipe Labansat

    La cinquième République est un bourbier qui tue tout espoir d’une quelconque émergence démocratique en France.
    Ce soi-disant « grand rendez-vous de la présidentielle » est déjà pitoyable, affligeant et, comme d’habitude, ne débouchera sur rien.
    La pantomime démocratique à laquelle nous sommes stupidement accrochés nous tire vers l’abîme…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Philipe

      Parce que c’était mieux avant ? Plus retors… sûrement !

  3. Danièle Cortot

    Je partage entièrement la lecture faite..le fric .le fric et toujours ce fric
    . finalement.pandemie ou non …rien ne chance pour ces hommes ,femmes assoiffés du pouvoir.
    De plus en plus je pense que je n’irai pas voter ..

    Une Première et rentrera qui voudra sur le devant de la scène .je ne sais pas du tout pour qui voter!c’est une comédie .un grand théâtre démoniaque.
    Je regarde l’émissionsui cartonne avec un Cyril un peu déglingué
    ..parfois théâtral parfois non réveille ….il reçoit du monde …mais c’est encore le fric en jeu! Les impôts seront toujours présents quand Hanouna ne sera plus là lumière de c 8.
    .

    .

  4. Laure Garralaga Lataste

    Partant du principe que la perfection n’est pas de ce monde, que doit-on en déduire ? Reprenons une drôlerie bien française : comment ces héritiers « des sans culotte » qui ont décapité un roi en faisant la Révolution n’ont-ils toujours pas trouvé « chaussure à leur pied républicain » ! Ne serait-ce pas… parce que ceux et celles qui sont censés les représenter regardent trop leur nombril ? Ou n’est-ce pas parce que leur Marseillaise se termine toujours par… »Jamais contents… ! » Pauvre Gavroche, ils sont devenus fous… !

    1. Laure Garralaga Lataste

      Que dis-je leur nombril… et surtout leur portefeuille… !

    2. J.J.

      Le nabot sanguinaire et ses acolytes, privés provisoirement de leurs privilèges ont détruit la République issue de la Révolution, de même que le sinistre Thiers a détruit dans les sang et la répression féroce les grands projets de la Commune.
      Certains se concrétiseront quand même plus tard par exemple avec les Lois Scolaires de 1881, la loi de 1905, qui attisent la haine de la réaction.

      Le suffrage Universel décrédibilisé par des manœuvres frauduleuses ne nous offre aucun avenir.
      Seule la Révolution pourra sauver le peuple.

  5. facon jf

    Bonjour,
    argent le nerf de la guerre, pour illustrer votre billet on peut regarder le documentaire  » adieu à Solférino ». Et, comme le résume avec un certain sens de la formule Bernard Poignant, ancien maire de Quimper et conseiller du président Hollande : « Solférino, c’est le siège acheté dans la victoire et vendu dans la déroute ! »
    Si les salariés et dirigeants quittent le cadre grand-bourgeois de Solférino pour une ancienne manufacture du Val-de-Marne, c’est pour une raison simple : à force d’accumuler les revers électoraux et de voir partir les militants, les caisses sont vides. A l’issue des élections législatives de 2017, le nombre de députés PS est passé de 279 à… 28. « Il fallait trouver 12 millions d’euros, et les banques ne prêtaient pas. Ce patrimoine immobilier doit servir à la pérennité des socialistes »,
    Le documentaire retrace, à travers les combats perdus du PS, le quinquennat de François Hollande. ArcelorMittal, déchéance de la nationalité, loi travail, tensions, trahisons, violences sociales, la période 2012-2017 n’a pas été un long fleuve tranquille.
    Les mariages de carpes et de lapins se multiplient en période électorale pour sauver les meubles et éviter des naufrages à la Solférino. Ces mariages enfantent des courants d’eau tiède de compromis et de compromissions s’éloignant de plus en plus des sources et s’évaporant dans le désert des illusions perdues.
    Beaucoup de pognon de dingue distribué au profit des organisateurs de meeting, d’imprimeurs de tracts et affiches nourrissant d’obscurs circuits de commissions et rétrocommissions. Ne riez pas c’est avec votre pognon disait Coluche.
    Et pourquoi faire ? Des immenses meeting qui ne servent à rien d’après Jérôme Lavrilleux ( canard enchaîné 5/01/2022). Mais si vous le connaissez ! Il a organisé 44 meeting pour Sarko en 2012 explosant les comptes de campagne.  » Nul n’assiste à une réunion publique parce qu’il a vu de la lumière; ceux qui remplissent les salles sont des militants qu’on à fait venir de l’autre bout de la France… Le candidat prêche devant des dévots ». Amen. ( le blé?)
    Une campagne sous pression omicron avec ses bateleurs de foire au chômage, les merdias aux ordres pour déverser déclarations aussi fracassantes que populistes, des réseaux asociaux distillant des horreurs putrides, des tonnes de papiers non lus encombrant les déchetteries et des couillons avec leurs pots de colle souillant l’environnement.
    Et ce ne sont pas les égolos qui viendront contester cette gabegie de moyens et de ressources.
    Pas grave du moment que de nouveaux saigneurs puissent se goberger honteusement la démocratie sera considérée comme sauvée et l’abstention arrivera à la première place.
    Bonne journée

  6. Laure Garralaga Lataste

    @ à facon jf

    quand même ! (pour compléter la fin !)

  7. facon jf

    Lors de sa campagne présidentielle de 2012, François Hollande avait vanté une « République exemplaire » ; il avait vu son mandat entaché par des manquements, plus ou moins graves, de ses ministres. Avant lui, Nicolas Sarkozy avait défendu une « démocratie irréprochable » ; il est aujourd’hui lui-même empêtré dans des scandales politico-financiers dont la justice est saisie.

    Quinquennat Hollande (2012-2017)

    Affaire Anne Lauvergeon (AREVA Uramin, 2012) ;
    Affaire Jeanne (2014) ;
    Affaire des eurodéputés du FN (2014) ;
    Affaire du détournement de fonds publics au profit de sénateurs UMP (2012) ;
    Affaires Cahuzac (Affaire des évadés fiscaux + (Panama Papers;) ;
    Affaire Yamina Benguigui ;
    Affaires Françafrique ;
    Affaire Aquilino Morelle ;
    Affaire Thévenoud ;
    Affaire Kader Arif ;
    Affaire Le Roux ;
    Affaire Pierucci / Alstom (2014) ;
    Panama Papers (2016) ;

    Leur successeur a fait usage du même langage. Lors de sa campagne électorale, en 2017, Emmanuel Macron avait prévenu que « le principal danger pour la démocratie [était] la persistance de manquements à la probité parmi des responsables politiques, dont le comportement est indigne de la charge de représentant du peuple ». Une fois élu, promettait-il, les responsables politiques allaient devoir « rendre des comptes sur leur entourage et sur la manière dont ils utilisent l’argent public ».

    Quinquennat Macron (2017-2022)

    Affaire Fillon ;
    Affaire MacronLeaks ;

    Affaires des eurodéputés du MoDem ;
    Affaire Bayrou ;
    Affaires Benalla;
    Affaires Françafrique ;
    Affaire Bridey ;
    Affaires Buzyn Agnès ;
    Affaires Darmanin ;
    Affaire De Rugy ;
    Affaire Delevoye ;
    Affaires De Sarnez ;
    Affaires Dupont-Moretti ;
    Affaire Dussopt ;
    Affaire Ferrand ou Affaire des mutuelles de Bretagne ;
    Affaire Flessel ;
    Affaire Goulard ;
    Affaire Griset ;
    Affaires Nyssen ;
    Affaire Kohler / MSC69 ;
    Affaire Laabid ;
    Affaire Lecornu;
    Affaire Le Gendre ;
    Sylvain Maillard (Pandora papers)
    Affaire des trésoriers du Modem (affaire Mercier/Nardella) ;
    Affaires Pénicaud, dont (Affaire Business France) ;
    Affaires Solère ;
    Paradise Papers (2017) ;
    Pandora Papers (2021) ;

    “La politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop.”
    Citation d’Edouard Herriot Un personnage politique au parcours sinueux pendant la période Vichyste. Le canard enchaîné avait commis à son encontre la contrepèterie suivante; au sujet de ses manœuvres de censure pour complaire aux cathos  » Le maire de Riom a de belles élections. »

  8. facon jf

    Bonjour,
    « Je vais terminer par une remarque d’ordre moral, et qui s’adresse aux citoyens français en tant que responsables de leur destin. Critiquer les politiques est devenu un exercice trop facile. L’anéantissement de leur pouvoir économique par la construction européenne en fait des clowns naturels. Des boucs émissaires au second degré, des « Arabes de luxe » pour les humoristes. Ils font plus facilement ricaner que rêver. »  » En vérité, l’élection importante pour la France a déjà eu lieu en septembre et amené le SPD au pouvoir. Olaf Scholz sera notre vrai président.’ Olivier Todd
    https://elucid.media/politique/emmanuel-todd-presidentielle-2022-annonce-comme-comedie-tragique/
    Bonne lecture et bon dimanche

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