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Les amitiés se renouvellent de toutes les manières

Certains disent que c’est l’expérience… D’autres prétendent que c’est l’aveuglement antérieur… Il arrive que dans les discussions le sujet soit évoqué à demi-mot… Dès que le mot est lâché il provoque des crispations ou des regards qui se détournent…En fait dans cette période où les liens sociaux se délitent ce que l’on appelle l’amitié n’a plus du tout le même sens que celui que lui a prêté Montaigne. Tout au long des siècles elle a évolué de plus en plus superficielle. Les réseaux sociaux viennent de pervertir totalement ce rapport social. Ils arrivent à abolir les distances pour en maintenir artificiellement l’existence mais ils les rendent bien plus superficielles.

Le contact humain offrait l’avantage de la franchise des rapports et justement l’ancrage durable de ce rapport entre deux personnes installées dans le partage. En bientôt trois-quarts de siècle d’existence j’ai pu vérifier qu’il n’y a rien de mieux que le passage d’un projet à sa construction, la vie dans l’adversité, le besoin d’échanger favorisent grandement la naissance de ce « sentiment » particulier. Sur les bancs de l’école, au collège, à l’internat, dans un vestiaire sportif, dans l’action solidaire, dans le travail et plus encore dans les séquences joyeuses de l’existence les graines de ce qui peut devenir une fleur à l’avenir incertain. Les copains, les équipiers, les compagnons, les potes, les camarades on confond aisément mais rares sont ceux qui devienent des ami(e)s. 

L’épreuve du temps, les moments pluvieux ou les orages imprévisibles mettent souvent à mal ce que l’on pense immortel. En fait il n’y a aucune liaison pouvant résister aux épreuves et au choc de la vie. Avec un simple clic dans la période présente il est devenu possible de se séparer d’un(e) ami(e). L’extrême facilité. Des repères totalement différents. La déliquescence de ce qui constituait souvent un refuge ou au minimum un abri en cas d’infortune.

D’une part l’afflux d’informations sur ces pages réputées accessibles au plus grand nombre oblige à surveiller sans cesse ce que deviennent ces dizaines, ces centaines et même ces milliers « d’amis » qui ne font que passer. C’est quotidien voire instantané. En fait nous prenons d’une manière ou d’une manière ou d’une autre la responsabilité d’entretenir une forme d’amitié irréelle reposant sur des échanges distanciés recommandés par la crise sanitaire.

D’autre part, on assiste également à une dépersonnalisation croissante de l’amitié avec aussi la rencontre abstraite mais bien agréable de nouvelles « têtes » que jamais il aurait été possible de rencontrer. Le cercle s’élargit de manière totalement imprévue donnant l’envie de revenir aux principes d’antan. Depuis deux ans tout est modifié et peu ou prou s’est installée une « méfiance » et au pire une « peur » des retrouvailles et du partage. L’amitié en prend un coup… car au fil de l’eau l’oubli s’installe. Les réseaux sociaux affectent alors profondément la façon dont l’on perçoit l’amitié, et plus généralement nos « obligations » vis-à-vis de nos amis non virtuels.

Depuis plusieurs mois j’ai découvert sans trop de surprise qu’il existait aussi différents formes de ces liens entre individus. Il devient difficile d’expliquer que mon statut ayant changé et surtout mon envie de ne plus m’impliquer dans l’action publique étant réel, je reste « l’ami » qui peut tout, celui qui va résoudre tout. On ne se débarrasse pas du costume « d’ami utilitaire » aussi facilement qu’on le croît. Il vous colle à la peau. Bon nombre de ceux qui trouvaient pourtant la posture plutôt seyante se sont éloignés. Normal. Inévitable. Il faut simplement s’y habituer.

Parfois une question traverse l’esprit :qui a abandonné l’autre le premier. Tout se renouvelle. Tout change. Tout s’adapte. L’essentiel reste de ne pas rester isolé et confiné dans ses certitudes. Alors les réseaux sociaux constituent bel et bien une forme de bouée de sauvetage pour naufragé de l’amitié. Ils permettent de changer d’air, de retrouver celles et ceux que l’on avait oubliés et plus encore d’imaginer que chaque jour on retrouve une « amicale jeunesse » terriblement rafraîchissante. J’avoue guetter les réactions d’un petit groupe bien différent de celui que j’ai laissé.

La seule certitude c’est que contrairement à ce que je croyais mordicus, la politique finit toujours par étouffer ce qui a été souvent sincère mais dont il faut admettre la disparition sur les chemins tortueux de ce secteur de la vie sociale. « Les amis sont comme les ballons, si on les échappent ils ne reviennent pas », surtout dans ce secteur. Dans le fond ce n’est pas plus mal car ils trouvent leur liberté et ne sentent plus liés artificiellement à vous. Selon le pouvoir des vents ils s’éloignent plus ou moins vite et dans des directions imprévues. Il faut l’admettre et avoir le courage de ne pas tenter de les retrouver. 

Cet article a 19 commentaires

  1. christian grené

    De l’amitié, nous pourrions parler jusqu’au bout de la nuit toi et moi. Comme l’a écrit mon pote Antoine (Blondin): « L’amitié me sert de manteau ». Je reviendrai sur le sujet dans le courant de la journée parce qu’il me tient à coeur. C’est mon moteur.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Christian
      Avec ce manteau… ton cœur n’aura jamais froid !

  2. Philippe Labansat

    Oui, l’amitié est une chose rare.
    Selon moi, c’st une relation dans laquelle on est prêt à tout donner et à ne rien attendre. J’ai appris à évaluer mon sentiment d’amitié en me demandant si j’étais prêt à donner ma vie. Et, au moins une fois, la réponse à été oui.
    Si l’on a un ami, c’est formidable !
    Si l’on en a deux, on est déjà béni des dieux. Alors si l’on en a trois ou plus…
    Je vais faire hurler, mais pour moi, l’amitié, ça se passe entre hommes.
    Je ne dis pas qu’une amitié homme – femme ne peut pas exister, je dis seulement que les hormones ne doivent pas s’en mêler.
    Quand on parle amitié, on est obligé de penser à Montaigne et La Boétie, bien sûr. Mais Brassens aussi, même s’il les appelait « les copains d’abord ».
    Il y en a évidemment bien d’autres, mais l’amitié est quelque chose d’intime. Autant dire qu’elle ne peut pas s’épancher sur les réseaux sociaux…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Philippe
      Tu es un altruiste qui donne sans rien attendre en retour, mais… Un altruiste macho ! Et quand tu parles de Montaigne et de La Boétie… ne mélanges-tu pas amitié et amour ? Tiens tu viens de me donner une idée : « entre ces deux hommes ne faudrait-il pas parler d’une amitié amoureuse ? »

    2. Gilles JEANNEAU

      @ Philippe
      Mais si , mais si ; depuis que je suis abonné à Roue Libre, je ressens une réelle amitié avec les intervenants et intervenantes (jamais je n’utiliserai ces putains de points qui ont fait leur apparition dans les écrits).
      Même si cette amitié reste forcément virtuelle, elle n’en existe pas moins et donc est bien réelle quelque part…
      Voila un beau sujet de dissertation métaphysique: quel lien entre réel et virtuel?

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Gilles
        Tu étais… Que dis-je… tu es professeur de philo ? Si la réponse et oui : quand tu parles des « points », tu insultes les péripatéticiennes ! Un prof de philo ne devrait pas parler comme ça… ! choking ! Tiens, moi, l’hispano-française, je me mets à parler anglais ! Re choking.

        1. Gilles Jeanneau

          Je n’ai jamais été prof de quoi que ce soit…
          Donc je peux me laisser aller à quelques écarts de langage…
          Comme le disait Brassens, pour améliorer le monde, il faut s’améliorer soi-même d’abord, et ensuite si les autres font de même, le monde ira mieux.
          C’était quand même un sacré optimiste ce Georges!
          Bonne soirée

        2. Laure Garralaga Lataste

          J’ai décidé de ne jamais plus utiliser le mot… « franco » d’où ce contournement avec « hispano » ! Et comme nous sommes dimanche… Jean-Marie nous condamne (à faire un retour en arrière*) sur « Roue Libre » ! (* Certains et certaines vont exiger que je face plus court !) Je redis… (Stop**) à l’anglais ! (** Quand je vous dis que nous sommes conditionnés et conditionnées)!

          1. François

            Bonjour !
             » …certaines vont exiger que je face plus court ! »
            Allons, Mamie Laure, on oublie ses tablettes ?
            ….que je fasse plus court ou eso hago mas corto si mon traducteur n’a pas la Covid 19 ! ! !
            En souriant,
            Respectueusement.

  3. Gilbert SOULET

    Effectivement, les amitiés impliquent le respect, l’acceptation, la compréhension et la confiance. Bonne journée à tous et à très bientôt …

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Gilbert
      Passer du singulier « l’amitié » au pluriel « les amitiés »… tu prends le risque de ne pas te faire que des amis !
      Pas d’inquiétude, Philippe et toi conservez mon amitié !

  4. Laure Garralaga Lataste

    À ceux et celles qui ont été triste de ne pas me lire hier… J’étais partie en Dordogne, en Périgord noir, terre de Résistance !

    1. Laure Garralaga Lataste

      OUPS… tristes… quand je dis qu’on ne devrait pas vieillir !

  5. facon jf

    Bonjour,
    « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis ! Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »Dans l’Encyclopédie des citations de Dupré (1959), est indiquée comme faisant partie de l’Anthologie Palatine d’Eustathe (12e siècle), avec cette note en bas de page : « On attribue souvent ce mot à Voltaire. Il est bien plus ancien. Selon Stobée, il aurait été prononcé par un roi de Macédoine, Antigone II, mort en 221 av. J.-C. »
    Une devise que les prétendants et prétendantes au trône républicain feraient bien de se mettre en tête.
    Extrait de « Complément d’enquête ». People et politiques : petits services entre amis ?
    https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/video-les-diners-de-bercy-d-emmanuel-macron-avec-le-tout-paris-complement-d-enquete-revient-sur-une-couteuse-strategie-d-influence_4938642.html
    Bonne fin de semaine

    1. Angel Manuel Martínez Fernández

      Jajajajajajaja…je me régale…. Entretenue la relaxation linguistique….

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ ¡ a un amigo hidalgo !

        Enfin ! Je me sens moins seule ! Bienvenu sur « Roue Libre » amigo (à mon ami espagnol…) ! Laure (prénom donné par les infirmières et heureusement que ma mère s’appelait Laura et non pas Imaculada Concepción !).

        1. Laure Garralaga Lataste

          En Espagne, je signerais… Laure Garralaga Cabello

    2. Bernie

      @ façon jf
      Comment à l’époque de Jésus le temps était mesuré ?. « 221 av JC ».
      Pourriez vous m’informer ?Est-ce que 0 est l’âge portait par ce Jésus en question ?
      Bon dimanche

      1. faconjf

        Voila une très bonne question à réponses multiples et compliquées; pour faire simple voici une réponse globale assez simple et compréhensible.
        Il faut réaliser que notre calendrier n’est qu’un calendrier parmi d’autres. D’autres civilisations utilisent des repères différents pour mesurer le temps. Les Égyptiens, par exemple, recommençaient à 0 chaque fois qu’ils avaient un nouveau roi ! Les musulmans, eux, sont bien plus « jeunes » que nous : leur calendrier commence en 622 après J.-C. Il y a aussi un calendrier français qui a été instauré après la révolution. Selon lui, nous ne sommes qu’au 3e siècle !
        Avant de connaître Jésus-Christ (J.-C.), les Romains comptaient les années à partir de la fondation de la ville de Rome, en 753 avant J.-C. Les années avaient dix mois et commençaient le premier mars. Le mois de septembre était donc le 7e mois de l’année (il y a le mot sept dans septembre…).
        Les années ne duraient que 355 jours. On prenait forcément de l’avance : alors qu’il restait 10 jours à la Terre pour finir son tour du Soleil, les Romains avaient déjà fêté le jour de l’an ! Pour se remettre en phase avec lui, ils ajoutaient quelques jours au calendrier tous les deux ans, entre le 23 et le 24 février.
        Afin de régler ce problème pour de bon, Jules César a ajouté 90 jours au calendrier. L’an 46 avant J.-C. a compté 445 jours ! C’est aussi lui qui a introduit les années bissextiles, qui comptent 366 jours.

        Beaucoup plus tard, en 532 après J.-C., un moine du nom de Denys le Petit a calculé que le Christ devait être né en 753 après la fondation de Rome. On a donc remis le compteur à 0 à partir de là. Euh… pas vraiment à 0, parce que les Romains ne connaissaient pas ce chiffre ! Notre calendrier a donc commencé en l’an 1. En fait la naissance du Christ a été fixée arbitrairement au 25 décembre précédent le premier janvier an 1 début d’anno Domini (année de notre seigneur) correspondant au jour de la circoncision du Christ. C’est le début du calendrier Julien (Jules Cèsar) qui sera maintenu jusqu’à la réforme du pape Grégoire XIII en 1582 calendrier dit Grégorien que nous utilisons toujours.
        La date de naissance du Christ est aussi arbitraire car les 4 évangiles ne coïncident pas sur cette date.
        Comme on peut le constater une question simple et une réponse compliquée.

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