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Enfin une vraie politique d’accueil des « réfugiés »

L’élan de solidarité en faveur du peuple ukrainien démontre que la solidarité existe encore parmi la grande majorité de la population française. Les organismes en charge de la collecte croulent sous les dons pour les personnes âgées, les femmes et les enfants fuyant les bombardements pas si aveugles que ça, de l’armée russe. Des méthodes d’envahisseurs qui rappellent celles de la guerre 39-45. Ainsi en France les forces Alliés d’alors portent la responsabilité entre la victoire de l’Allemagne dans la bataille de France et la libération du pays de la destruction de 1 570 villes tuant 68 778 hommes, femmes et enfants. Le nombre total de blessés aura été supérieur à 100 000.

Celui des maisons complètement détruites est de 432 000 et le nombre de partiellement détruites est de 890 000. Les villes les plus détruites ont été notamment Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : 100 % ; Tilly-la-Campagne (Calvados) : 96 % ; Calais (Pas-de-Calais) : 95% ; Vire (Calvados) : 95 % ; Dunkerque (Nord) : 90% … Dans le camp adverse les Allemands touchèrent principalement Londres mais également Coventry, Plymouth, Birmingham et Liverpool, et aussi les villes historiques de Canterbury et Exeter et la station balnéaire de Great Yarmouth. 41 000 à 43 000 civils furent tués et 90 000 à 150 000 blessés selon des chiffres officiels. Près de 3,75 millions de Britanniques évacuèrent Londres et les principales villes devenant ainsi des « réfugiés ». Toutefois, ce procédé utilisé par le Troisième Reich qui avait pour but de démoraliser le peuple britannique ne fonctionna pas et n’empêcha pas celui-ci de soutenir l’effort de guerre du pays.  Un exemple à méditer.

Dans le contexte actuel où les destructions russes s’effectuent en effet par l’envoi de missiles de toute taille, d’une portée différente et des lâchers de bombes en haute altitude, la stratégie vise justement à provoquer la fuite du maximum de civils logiquement terrorisés par ces frappes aveugles. Aucun bombardement compte-tenu de la technologie dont disposent les armées ne saurait être totalement hasardeux comme le furent celles des avions bombardiers alliés ou des V1 ou V2. Face à cette réalité dont on redoute qu’elle s’amplifie dans les prochains jours les Ukrainiens tentent de mettre à l’abri leurs familles. Ces dernières n’ont aucun problème pour acquérir, conformément aux conventions internationales, le statut de « réfugiées ».

Ce n’est pas une notion abstraite mais ancienne et extrêmement précise. Ce statut  est reconnu en france par l’Ofpra en application de l’article 1er A2 de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 qui stipule que : « le terme de réfugié s’applique à toute personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner ». Or il se trouve que cette définition est appliquée à géométrie variable depuis des années dans certains pays européens.

En fait le qualificatif de « réfugié » n’a donc pas de lien direct avec une « guerre ».  La loi sur l’asile précise que les actes de persécution et les motifs de persécution visés par cet article de la convention de Genève doivent également être appréciés dans les conditions prévues par les directives européennes. « Les personnes reconnues réfugiées sont placées sous la protection juridique et administrative de l’Ofpra ; elles ont vocation à bénéficier d’une carte de résident valable 10 ans en application de l’article L.424-1 du Ceseda. »  Est-ce appliqué depuis des années  pour les quelques dizaines de personnes vraiment réfugiées qui fuient la guerre ou les persécutions ? 

Aujourd’hui ce sont plus de plus de 68 millions de personnes qui sont déplacées dans le monde à cause de la guerre, à cause de la violence. Plus de 40 millions d’entre elles sont en fuite à l’intérieur de leur propre pays. Elles n’ont pas traversé de frontières, et sont considérés comme des « déplacés internes ». Par contre plus de 25 millions ont dû fuir leur pays, et ont traversé une frontière vers un pays voisin. On évalue pour l’Ukraine le nombre des victimes du conflit et des ses dangers  à 2,6 millions après 20 jours de guerre. Toutes sont logiquement accueillies, réconfortées, nourries et logées. « Nous pouvons recevoir 100 000 réfugiés ukrainiens» ont annoncé des membres du gouvernement français… sans soulever la moindre protestation quand un bateau en Méditerranée va errer pendant des semaines pour trouver un port d’accueil ! 

La majorité, près de 60 % des réfugiés sur la planéète fuyant les bombardements et les frappes visant les civils viennent de trois pays : la Syrie, l’Afghanistan et le Soudan du Sud. La Turquie accueille plus de 3,5 millions de réfugiés aujourd’hui. C’est le pays dans le monde qui cumule le plus grand nombre de détenteurs de ce statut. Le Liban qui compte 4 millions d’habitants et a sur son sol un million de réfugiés, c’est-à-dire un quart de sa population. 85 % des personnes déplacées par la violence, par la guerre, par les persécutions, sont accueillies par des pays en voie de développement et pas par ceux qui auraient les moyens de le faire. La moitié des réfugiés sont des enfants de moins de 18 ans, ce qui crée des défis énormes pour leur avenir. Ah ! J’oubliais ces derniers, eux sont les « migrants » du grand remplacement. Nuance pour la solidarité et la valeur de la vie humaine..

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    Sans oublier les habitants du Yémen sous les bombes, sans nourriture ni médicaments et qui ne peuvent même pas fuir.
    Et en rappelant les migrants qui faute de secours (c’est ni moi, ni moi) se sont noyés en tentant de traverser la Manche.
    Compassion à géométrie variable et intolérable manque d’objectivité dans les informations dites « officielles ».
    Hier, une bombe à sous munitions est tombée sur Donetsk faisant de nombreuses victimes, on a vu les restes fumants de l’engin à la télé, mais il paraît que « C’est pas vrai ! »
    Un journaliste du Figaro a réalisé cet interviouve.
    https://artofuss.blog/2022/03/10/andrei-makine-pour-arreter-cette-guerre-il-faut-comprendre-les-antecedents-qui-lont-rendue-possible/

  2. facon jf

    Bonjour,
    merci à vous M. Darmian et à vous @JJ d’ouvrir la fenêtre pour évacuer les miasmes nauséabonds de la propagande de guerre.
    Merci de nous ramener à l’humanisme et aux valeurs qu’il porte « Humanisme : Doctrine, attitude philosophique, mouvement de pensée qui prend l’homme pour fin et valeur suprême, qui vise à l’épanouissement de la personne humaine et au respect de sa dignité. »
    Toutes ces guerres oubliées, et pourtant actuelles, dont la propagande éclaire la réalité en fonction de ses intérêts. Jouant sur les sentiments, caricaturant la réalité, simplifiant les données, inversant les chronologies, évacuant les faits contraires à son récit… Tout cela pour obtenir le consentement des masses aux pires atrocités. Le consentement passif de la majorité étant suffisant pour permettre aux mercenaires de faire le sale boulot.
    Il est déjà trop tard,nous avons raté la fenêtre des années 90 ! Nous fonçons à tombeau ouvert tous feux éteints vers le gouffre.
    Vite, vite rallumons les lumières des humanistes.
    Bonne journée

  3. Bernie

    Bonjour tout le monde,
    Je me rappelle d’une proposition de J. Sapir qui parlait d’Eurasie. Avec 96 pays dont le Yémen, la Palestine, la France et bien d’autres

    1. chb

      Elle existe depuis des milliers d’années, l’Eurasie, par des déplacements de biens et d’hommes, voire de hordes sauvages. Y conglomérer une unité politique fatalement impériale (ce qui n’est sans doute pas l’idée de J. Sapir) serait hors de propos, si l’on en juge par notre incapacité à nous libérer de l’encombrante tutelle U$.
      En attendant, l’Ukraine fait partie de l’Europe, pour autant que cela signifie quoi que ce soit. Le triptyque blanc – monothéiste (non musulman!) – capitaliste complète l’impression de proximité. Du Donbass méprisé à l’Oural trop poutinolâtre, notre UE alignée ne voit plus que des ennemis pour le moment. Jusqu’à l’entrée en scène d’un prochain Eltsine ?

  4. Bernie

    Ah oui mais la demondialisation demande de sortir de notre monnaie.
    L’Euro a été créé pour combattre le dollar. Je suis partisane d’un redécoupage des continents. Jacques Sapir est un chercheur qui pense à la valeur humaniste.

    1. chb

      Combattre le dollar avec l’euro ? Cet aspect-là est passé à la poubelle, et je crois plutôt qu’il s’agissait de conforter la monnaie mondiale en cornaquant l’Allemagne, qui allait être tentée par le commerce avec le côté russo-asiatique.
      Cf les « pères historiques » de l’union européenne, Robert Schuman et Jean Monnet, infatigables atlantistes.
      Cf aussi les punitions infligées aux pays qui auraient voulu vendre leur pétrole en euros.

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