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L’Ukraine a payé au prix fort notre dépendance aux énergies fossiles

 Il n’y a jamais de conflits « propres » car tous détruisent le brin de conscience que devrait posséder tout être humain. Les « crimes » ne peuvent pas être affublés de la précision complémentaire « de guerre » car cette dernière est un crime global en toutes circonstances. Faire semblant de l’oublier c’est tout simplement nier la réalité. Les soldats ou les supplétifs russes laissent derrière eux la mort, l’effroi, la désolation comme bien d’autres en pareilles circonstances. Il faut avoir le courage de le reconnaître et évidemment de le condamner comme il est utile de le faire en toutes autres circonstances. Il pensait que sa puissance résidait dans la dépendance européenne aux énergies qu’il leur dispensait via les entreprises qu’il maîtrise (1)

En poursuivant sa quête d’une annexion de l’Ukraine il a dressé contre lui une large majorité des États du Monde et en a conduit d’autres à se mettre officiellement en retrait. Cette coalition des défenseurs du pays agressé a examiné toutes les manières d’imposer à Poutine un retrait de ses troupes. Des mesures dites « économiques » ont été prises et le système financier a puisé dans ses ressources pour peser sur la Russie. Les système libéral a comme principe essentiel la satisfaction des consommateurs de telle manière que ces derniers alimentent les profits et ayant donc fermé les yeux sur l’origine de ce dont il avait besoin il est pris au dépourvu. La « guerre » risque donc bel et bien de mettre les laudateurs de la mondialisation du marché dans une situation inconfortable. Ils ne décourageront pas pour autant.

L’interdépendance entre les ressources naturelles dont a particulièrement besoin l’économie réelle de la transformation et les territoires en guerre saute aux yeux de celles et ceux qui n’avalent pas toutes les simplifications de la propagande. Les nations européennes mesurent ainsi les limites de ce qu’ils appellent leur liberté géopolitique d’action et qu’ils ont aliénée par le souci de se procurer au meilleur tarif les produits dont on besoin leurs populations consuméristes. L’alimentation en pétrole et en gaz, drogues des sociétés dites développées, a donc pris brutalement une importance décisive dans un conflit où le dilemme est devenu celui de savoir jusqu’à quand les vies humaines perdues en Ukraine peuvent masquer l’incapacité des pays voisins à sacrifier le confort de leurs habitants. Dommage qu’il ait fallu une guerre pour que la sobriété énergétique soit un sujet d’actualité !

Dépendant des énergies fossiles russes, l’Allemagne, la France, l’Italie et bien d’autres nations recherchent désormais à économiser leur utilisation faute de pouvoir y renoncer. On semble entrer dans une période de pénurie possible et donc les conseils fleurissent pour… consommer le moins possible. Ce qui n’est pas possible en période de « normale » où les oléoducs et les gazoducs fonctionnement à plein régime devient alors une nécessité. Réduire le chauffage, ralentir avec les automobiles justement prévues pour ne pas le faire, débrancher les appareils électriques en veille, préférer la douche au bain : les conseils pleuvent comme si ces gestes simples contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique, ne relevaient pas aussi des temps de paix. L’impact en sera probablement très limité.

Officiellement, la transition énergétique reste donc la priorité. Mais pour se défaire des combustibles russes et répondre à l’envolée des prix de l’énergie, les grandes économies cherchent déjà à relancer la production de charbon, de pétrole et de gaz qu’il faudrait diminuer. Ils insistent pour que l’OPEP fasse tourner ses puits et ses gisements à plein régime. Les experts climat répètent à l’envi dans le troisième volet du rapport du GIEC qu’il est vital de diminuer la consommation des énergies fossiles si l’on veut éviter le pire. Il y a donc un propos de surface et une pratique qui ne change absolument pas à l’échelle planétaire. Et en ça la guerre en cours en Ukraine ne changera pas la donne !

La Russie continuera donc à recevoir les subsides de près d’un milliard quotidien tant que les solutions alternatives à ses fournitures n’auront pas été trouvées. Il est question de cinq ou six ans de délai avant que le cordon ombilical des énergies fossiles puisse être coupé. Pourtant le temps presse. La perspective de voir se multiplier les conflits dans le futur si les efforts de contrôle des dérèglements climatiques ne sont pas entrepris rapidement et massivement rend la période actuelle très préoccupante car elle révèle la dangerosité de la mondialisation. Combien de morts innocentes faudra-t-il encore pour réveiller les consciences ?

(1) hier les allemands ont pris le contrôle de Gazprom Allemagne

Cet article a 8 commentaires

  1. christian grené

    Bonjour Grand, bonjour à tou(te)s. Me voici de retour après seize jour passés dans une grade maison frappéeà l’enseigne de la Croix Rouge. Le temps de me refaire un peu d’énergie… et des faux cils.
    Fallait bien je commence par une franche çonnerie. Ad’taleur parce que j’ai tout à lire, mais en Roue Libre.
    J’espère que ma Laurita est de retour aussi. Abrazos para ella.

    1. Laure Garralaga Lataste

      Mais bien sûr que je suis là… et en pleine forme! Bon… mais ça, c’est pour bientôt ! Un problème : tes faux cils te permettront-ils de me lire… car je reste suspendue à ton verdict ? Ah! Ah! Ah!

      1. christian grené

        A ma sorcière bien aimée. Je te dis ça parce qu’à la relecture de « La Tempête » de Willliam, j’expire. Il évoquait un personnage sinistre, fils de la socière Sycorax qu’elle avait baptisé Caliban. Quelques jours plus tard, j’avais entre les mains un livre de Sylvia Federici, né à Parme en 1942, narrant l’histoire de la transition entre fédéralisme et capitalisme. Titre du livre: « Caliban et la sorcière ». Tout ça pour ton sujet entre les femmes et les Talibans.

        1. Laure Garralaga Lataste

          @ à mon Christian préféré…
          Alors, comme cela, tu as pris des chemins de traverse… Et moi qui ne suis ni William, ni Sylvia Federici… que fais-je dans tout ça… ? ! Avec ces massacres en Ukraine, j’ai fait un bon en arrière de 83 ans. C’est dire si j’ai rajeuni !

  2. facon jf

    Bonjour,
    meilleure santé à Christian mieux vaut parler de ses faux cils que de fossiles 😉
    L’UE(rss) se préoccupe de notre bonheur n’en doutez pas! Les législateurs de l’Union européenne, tous partis confondus, ont demandé à la Commission européenne de cesser de promouvoir la consommation de viande alors que la guerre en Ukraine a des répercussions sur l’approvisionnement alimentaire mondial et entraîne des pénuries de nourriture pour animaux dans l’UE. Aujourd’hui, la crise ukrainienne a ajouté l’angle de la question de la sécurité alimentaire au débat.
    Accélérer le passage à une alimentation plus saine avec moins de produits d’origine animale « réduirait la quantité de céréales nécessaires pour nourrir les animaux », a déclaré l’eurodéputée écologiste Tilly Metz au cours du débat, tandis que sa collègue de parti Jutta Paulus a souligné que « plus de la moitié des cultures céréalières et environ 80 % du maïs produits dans l’UE sont destinés à l’alimentation animale ».
    Delara Burkhardt, membre des sociaux-démocrates (S&D), a ajouté qu’en ces temps de pénurie alimentaire mondiale, « les cultures ont leur place […] dans les assiettes des gens, pas dans les mangeoires ».
    De bien belles paroles mais avec leurs limites. On ne peut pas se passer de la production animale le fumier des animaux est nécessaire pour réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des engrais synthétiques que l’UE importe en grande partie de Russie et de Biélorussie.En outre, de nombreuses zones utilisées pour le pâturage ou la culture de plantes fourragères ne peuvent être utilisées pour la culture de denrées alimentaires destinées à la consommation humaine. Une majorité de l’apport protéique des citoyens de l’UE provient encore de produits d’origine animale comme la viande ou les produits laitiers. Par quoi remplacer cet apport protéique et à quelle échéance ?
    L’aspect énergétique lui est au premier rang en raison de son double impact politique et économique. « La hausse des prix de l’énergie actuellement observée n’est pas une anomalie temporaire, mais une nouvelle normalité : il est urgent d’inventer les instruments politiques qui permettront une répartition équitable des efforts de sobriété »
    (Mathilde Szuba, maîtresse de conférences en sociologie politique à Sciences Po Lille)
    Comment faire pour répartir justement l’effort de sobriété ? L’énergie n’est pas un produit comme les autres, car elle permet d’assurer des besoins de base (chauffage, hygiène, cuisine) que l’on peut qualifier sans hésiter d’essentiels. Aussi, quand une forte augmentation des prix de l’énergie menace de faire basculer de nombreux foyers dans la précarité, le blocage des prix du gaz et de l’électricité semble une solution d’urgence évidente. Sauf que l’énergie sert aussi à des usages nettement moins primordiaux : voyages d’agrément, voitures surdimensionnées, piscines, résidences secondaires… voire yachts de luxe ou tourisme spatial ! Or, on peut difficilement justifier le fait que le kilowatt/heure (kWh) soit subventionné à l’identique, qu’il s’agisse de chauffer l’eau d’une douche ou de chauffer l’eau d’une piscine. Et comment accepter que l’on paie collectivement pour venir au secours de pratiques énergétiques incompatibles avec nos engagements écologiques ?
    C’est pourquoi il est capital de distinguer les consommations essentielles et les autres. Cette distinction peut s’appliquer via un tarif progressif, où les premiers kWh consommés sont peu chers, mais où le prix augmente ensuite par paliers (un système déjà appliqué dans quelques communes pour l’eau). Cela correspond à une formule bien connue de l’écologie politique : « gratuité de l’usage, renchérissement du mésusage ».
    Les politiques et l’UE ( rss) sont-ils prêts à sacrifier les dogmes du libéralisme ?
    Faute de cohérence politique allons nous voir revenir les mesures de 1973, observées en Europe de l’Ouest des mesures visant toutes à organiser la réduction des consommations d’énergie : dimanches sans voiture, puis rationnement des automobilistes aux Pays-Bas, semaine de travail réduite et coupures d’électricité planifiées au Royaume-Uni, réduction des températures de chauffage dans la plupart des pays, etc. La France, moins touchée que la plupart de ses voisins, prend à cette époque des mesures moins drastiques. Certaines concernent les consommations quotidiennes : économies de chauffage, fin des programmes télé à 23 heures, réduction de la vitesse sur les routes. D’autres sont plus symboliques (interdiction de la publicité lumineuse et interdiction des compétitions automobiles).
    Pour le moment, élections obligent, il est urgent de procrastiner !
    Bonne journée

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami façon jf
      « … des engrais synthétiques que l’UE importe en grande partie de Russie et de Biélorussie. » On en apprend des choses sur Roue Libre !
       » … allons nous voir revenir les mesures de 1973, … » Alors les écolos… s’étaient nous… ! Mais sans le crier sur les toits… Merci pour ce rappel dont j’ai gardé le souvenir de mon militantisme. Quant à moi, je procrastinerai « mes coups de pieds au cul pour certains » quand « les poules auront des dents ».

  3. Bernie

    La Confédération paysanne informe qu’en 1949, il y avait 6 millions de paysans, il ne reste que 150 000 agri-managers.

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