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Une année écoulée tout feu tout flammes

Lorsque dans les magazines et les journaux sort en plusieurs épisodes ce qui allait devenir deux ans plus tard « la guerre du feu » le succès est immédiat. Les aventures de Naoh pour conserver et ensuite faire naître une flamme tellement réconfortante et utile ont depuis étaient adaptées en BD ou en film. Au début de la vie collective des hommes le feu revêtait donc une importance essentielle pour le progrès dans tous les domaines (nourriture, confort rudimentaire mais confort tout de même). Des milliers d’années plus tard il esy devenu l’ennemi qui risque bel et bien de revenir désormais dans l’actualité estivale. Et peut-être avant ou après.

2022 aura mis en évidence de manière dramatique que les incendies constituent désormais un fléau mondial. Depuis une décennie des millions d’hectares partent en fumée sur le continent africain (impossible de connaître les dégâts) en Amérique du Sud (Amazonie) et du Nord (USA) ou en Asie (Sibérie surtout). L’Europe n’est en rien épargnée et le rapport entre les surfaces détruites et celle de l’UE est le plus élevé de la planète. En fait les systèmes de défense se retrouvent partout face à des événements cataclysmiques qui dépassent leurs moyens humains et matériels. Il faut déployer une énergie souvent proche de la rupture pour éviter des drames supérieurs.

Bien évidemment les 62 000 hectares partis en fumée sur le territoire français ont constitué un signal d’alerte puissant. Quand on rappelle qu’il y a dix ans on approchait seulement 20 000 hectares on met en évidence la violence du phénomène. En termes de superficies brûlées en Europe après l’Espagne figurent la Roumanie, avec 150.528 hectares brûlés, le Portugal (75.277 hectares) et la France. Au total ce sont 785 000 ha effacés (contre 317 000 en moyenne au cours de la décennie écoulée) dont les émissions de carbone ont atteint des records estimés à 9 mégatonnes, comparativement à une moyenne de 6,75 mégatonnes en 2003-2021.

Bien entendu les commentaires officiels considèrent que cette « inflation » des incendies est essentiellement due au réchauffement climatique. C’est une cause indirecte réelle car la sécheresse pesant sur la nature rend les effets du feu beaucoup plus rapide et catastrophique. En Gironde le phénomène est incontestable mais il serait vraiment malhonnête de limiter les raisons de plus d’un millier de départs des flammes sur le territoire départemental aux seules inflexions météorologiques.

Derrière ces fléaux on trouve toujours l’activité humaine. Au Brésil, la recherche d’espaces déboisés pour implanter des cultures intensives a constitué le point de départ de la disparition de 16 millions d’ha soit une augmentation de 13 % d’une année sur l’autre. La passivité des autorités, la perspective de l’arrivée de Lulla au pouvoir et la demande mondiale en colza, en cacao, en canne à sucre ont généré une accélération des pratiques antérieures déjà inquiétantes. Il en est de même pour la forêt africaine et à un degré moindre dans certains pays asiatiques.

En Gironde l’effort de solidarité local, national et européen a permis juguler un phénomène qui restera dans l’histoire comme en 1949. Nier toute intervention malveillante dans ces départs de feux est impossible sauf si l’on espère «endormir » la méfiance des incendiaires. Aura-t-on le temps et le courage de prendre dans les prochaines semaines des mesures préventives (nettoyage obligatoire du massif, des abords des habitations, élargissement des pare feux par exemple) ? Le financement du service départemental n’a pas changé alors que la loi des finances aurait permis de mettre en adéquation les contributions des collectivités avec la démographie.

La moindre faiblesse dans les dotations départementales et la crise deviendrait gravissime compte tenu du matériel à réparer ou à renouveler. Les moyens humains tant chez les professionnels que pour les volontaires seront-ils à la hauteur des enjeux quand les sorties pour secours aux personnes ne cessent de croître ? Quelle maîtrise de l’urbanisation et plus encore quelle conversion pour les espaces détruits ? Quels seront les équipements nationaux supplémentaires en 2023 ? Quels le résultat des enquêtes sur les causes des départs de feu ? 

Lors des rendez-vous de la Sainte Barbe et les vœux territoriaux ces sujets seront abordés… et on attendra. La « guerre du feu » moderne reprendra. C’est une certitude. L’année écoulée ne constituera pas une exception.

Cet article a 5 commentaires

  1. christian grené

    Jean-Marie, tu n’a pas évoqué la Suisse. Y’ aurait pas la feu au Lac, c’est bien ça?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Il n’y a jamais « le feu au lac » sauf… chez ton amie Laurita !

  2. François

    Bonjour J-M !
    MERCI ! Oui merci pour avoir mis en première place des mesures préventives le nettoyage du massif et des abords des habitations ! Où sont les airiaux à la Marquèze ?
    Alors qu’une certaine population demandeuse augmente et que l’ on importe du mouton de nos chers voisins englishs, les bergers et leurs échasses ont disparu de la pinède ( à noter que les échasses ont été créées pour ces lieux marécageux et non pour escalader la Rhune ! !). De même, les entreprises et leurs charrues La Landaise périclitent dans la rouille !
    N’oublions pas que si cette situation existe, certes, il y a des raisons économiques, mais surtout la bêtise béate des écologistes de tous poils en extase devant la biodiversité … de la broussaille : « C’est magnifique !! » n’est-ce pas ?
    Lors de ces feux tragiques de l’été dernier, on a pu constaté de visu … le mutisme ou la disparition des écolos ! Bizarre, bizarre ?
    Ayant l’occasion quasi mensuelle de descendre en Aspe ou vers Bayonne par le « réseau aventure », je reste stupéfait à la vue de cette pinède (une culture !) dans un tel état que même les sangliers vont devoir émigrer : IMPÉNÉTRABLE et SENSIBLE AU FEU ! ! !
    Amicalement

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami François…
      … « que même les sangliers vont devoir émigrer »… tels ces « toros de fuego » en 1939 !

  3. Laure Garralaga Lataste

    Et s’il n’y avait que les incendies… !
    Ce qui ce passe au nord des Etats-Unis est tout aussi affolant… ! Températures de moins 50 ressentis… Et après les USA, à qui le tour… ?

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