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Les profits ne battent pas en retraite

En plein débat sur la réforme des retraites, il est certain que le constat effectué par le lettre financière Vernimmen.net passera au second plan. On se jettera à la face des déficits putatifs du régime de répartition quand les chiffres affichés sur les profits réalisés par les actionnaires de toute taille n’ont jamais été aussi florissants. Une nouvelle fois tous les résultats sont pulvérisés dans le système capitaliste du CAC 40 mais aucun rapprochement ne sera effectué entre un déficit et une augmentation effarante des bénéfices redistribués.

En 2022 au moment des premiers atterrissages financiers dans ce milieu où les chiffres dépassent l’imagination, alors que la Covid 19 et l’inflation censées avoir déstructuré l’économie nationale, les dividendes constatés ont progressé de 23,9 % sur une année et 97,55 % par rapport à 2019. Le « quoi qu’il en coûte » a donc eu des effets bénéfiques pour celles et ceux qui améliorent leur compte en banque en dormant.

« Les dividendes du club du CAC 40 atteindra 80,1 milliards d’euros, dont 23,7 milliards d’euros sous forme de rachats d’actions, soit le niveau le plus haut jamais enregistré depuis que nous faisons cette étude » (2003) » explique les observateurs spécialisés. Les dividendes versés se situent à 56,5 milliards d’euros, contre 45,6 milliards en 2021 et 28,6 milliards en 2020, durant la pandémie.« Ces chiffres, qui sont excellents, ne sont qu’à l’unisson d’autres tout aussi excellents enregistrés en 2022, malgré un contexte économique et géostratégique compliqué.»

En fait, et c’est aussi extrêmement intéressant dr noter que les plus rentables de ces arroseurs de dividendes sont TotalEnergies (13,3 milliards de rachat d’actions ou de dividendes), LVMH (7,1 milliards) ; Sanofi (4,7 milliards) dans les trois secteurs qui ont d’une certaine manière profité directement ou indirectement des crises en cours. Avec les banques (BNP Paribas, Crédit Agricole) l’assureur-banquier (AXA) et le constructeur automobile (Stellantis) ont dépasse les 40 milliards reversés à des actionnaires.

Bien évidemment avec une excellente optimisation fiscale les bénéficiaires, déjà non assujettis à l’impôt sur la fortune sauront valoriser ces versements. Rappelons que les dividendes versés aux dirigeants et aux associés font l’objet d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % composé de : 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu, 17,20 % au titre des prélèvements sociaux. Cette faveur est complétée par le système des rachats d’actions. Un biais pour éviter des paiements d’impôts à cours terme au taux de 30 %

En effet une opération de rachat d’actions est, tout d’abord, un moyen pour l’entreprise de redistribuer des fonds à ses actionnaires, de manière similaire aux dividendes. En effet, le rachat d’actions réduit, par définition, le nombre d’actions en circulation, ce qui signifie que chaque actionnaire détient, après le rachat, un plus grand pourcentage de la société. Cela se traduit, toutes choses par égales, par une progression du cours de l’action – à offre d’actions inchangée sur le marché, l’opération de rachat d’actions provoque une augmentation de la demande d’actions – et une augmentation du bénéfice par action, ce qui bénéficie aux actionnaires. Une faveur faite à ceux parmi ces derniers que l’on souhaite garder et contrôler.

Comme par ailleurs La rémunération des grands patrons du CAC 40 en France a atteint un sommet à 7,9 millions d’euros en moyenne sur l’année dernière, soit plus de 100 fois celle de leurs salariés ont atteint des sommets. Leur rémunération totale moyenne a augmenté de 52 %, tandis que celle des présidents exécutifs de la catégorie en dessous composée des 120 plus grandes entreprises cotées en France a crû de 22 % pour atteindre 4,5 millions d’euros. Dans les deux cas, c’est du jamais-vu depuis quinze ans.

Si on en croît les première fuites sur la réforme des retraites les députés LR veulent un revalorisation des « petites » retraites au niveau de 1 200 € . Un débat dont l’issue sera présenté comme une « faveur » fait à la partie des pensionnés les plus mal lotis car le gouvernement mégotera avant évidemment de céder à 1 150 € car il a « le sens des responsabilités » et souhaite « préserver l’avenir ». La comédie parlementaire débutera puisque plus personne n’ose s’engager politiquement en affichant des valeurs jugées d’une autre époque. La lutte des classes est obsolète ce qui arrange bien le tout-puissant monde de la finance.

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    Rien de neuf sous le soleil. Je regardais hier soir un vieux film : le Guépard de Visconti où l’on voit le luxe insolent de la noblesse sicilienne et des « parvenus », opportunistes exploitant cyniquement à leur profit l’affranchissement et l’unification de l’Italie.
    Le contraste est saisissant entre le déploiement indécent du luxe dans la longue scène du bal et le délabrement et la misère dans les rues des villages siciliens.
    On constate aussi au passage comment on s’est débarrassé d’un gêneur, utile en son temps : Garibaldi.

    1. facon jf

      Tout à fait mon cher JJ
      « Il faut que tout change pour que rien ne change » ou « Tout doit changer pour que rien ne change ».
      Cette célébrissime réplique est extraite de l’un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale,( unique roman de l’écrivain et aristocrate italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa) ayant donné lieu, en 1963, à une célèbre adaptation cinématographique du réalisateur Luchino Visconti, « Le Guépard ».
      Ce superbe aphorisme reflète l’enjeu principal du roman : changer et vivre, ou rester tel quel et disparaître progressivement.
      la phrase italienne de Lampedusa, pour les italianophones, : « Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi ». Traduit par l’agrégée d’italien Fanette Pézard, était, très exactement, : « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change ».
      C’est bien ce à quoi nous assistons!

  2. MARTINE PONTOIZEAU-PUYO

    Bonjour,
    et comme toujours, l’argent attire l’argent. rien de nouveau sous le soleil, à part une indécente progression des revenus des plus riches. Egalité, fraternité ? es-ce toujours d’actualité ?

  3. Philippe Labansat

    Le projet politique qui semble recueillir toutes les faveurs, sur toute la anète, et en premier lieu de ses victimes :  » Mort aux pauvres ! « 

  4. Philippe Labansat

    La planète, enfin ce qu’il en reste…

  5. Laure Garralaga Lataste

    Quand « la comédie parlementaire  » devient… ¡ la comedia del arte … ! Il n’ y a plus rien à espérer de notre démocratie.

  6. christian grené

    – Dis papa, c’est quoi la retraite? C’est comme la retraite aux flambeaux qu’on allait voir quand t’étais instit’ à Tugéras?
    – Non fiston! Aujourd’hui c’est la retraite en lambeaux…

    1. J.J.

      Sinistre et on ne peut plus juste constat.

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