You are currently viewing La bombe à fragmentation est lâchée
1510_57

La bombe à fragmentation est lâchée

La seconde journée de protestation contre la réforme du régime d’attribution des pensions de retraite a atteint des records de participation que personne ne conteste. Le gouvernement reste pourtant droit dans ses bottes, ce qui n’a rien d’étonnant. Il laisse passer l’orage social avec l’espoir qu’il finira par se dissiper au fil du temps. Les signaux sont contradictoires et cet hypothèse tient de la méthode Coué. En effet un examen mesuré de la situation comptabilise des signes allant dans le sens souhaité par l’exécutif quand d’autres mènent au succès de la contestation.

Dans la première catégorie, le nombre de grévistes fléchit dans quasiment tous les secteurs. L’inflation ajoutée aux difficultés quotidiennes pour faire face au coût de l’énergie pèse sur les décisions de se priver d’une seconde journée de salaire dans le même mois. Avec les délais de mise en œuvre des retenues la paye du mois de février risque d’être légère. Pour celles et ceux qui disposent d’un treizième mois la ponction pourrait être amortie. Le pouvoir sait que malgré leur envie de renforcer le mouvement bien des salariés hésitent à sacrifier un pouvoir d’achat déjà bien dégradé. Alors en ajoutant le 7 février un nouveau rendez-vous dans les rues les syndicats risquent de voir les indicateurs de grévistes encore baisser.

Le danger pour le gouvernement c’est que même si les mécontents ne cessent pas le travail leur dépit de ne pas pouvoir le faire sort renforcé de cette situation. Cette rancœur sera durable. Au niveau où se situent les sondages et tous les indices de défiance à l’égard des responsables au pouvoir, cette crispation, cet ancrage du mécontentement, risquent d’avoir des effets durables. Dans le fond le défilé de la semaine prochaine prend des allures de baromètre réel du climat régnant sur la France. Le troisième rassemblement servira vraiment de révélateur pour le niveau de solidité de l’opposition à la réforme et de test pour l’unité syndicale.

Une observation attentive des évaluations des cortèges peut offrir un espoir aux concepteurs de la modification de la durée de cotisations pour prétendre à une pension complète. En effet partout où le RN a une influence électorale, les statistiques ne dénotent pas une mobilisation en hausse (1)… comme si les gens attendaient une autre échéance leur permettant de concrétiser leur rejet des « politiques » en général (la mascarade du congrès socialiste, la valse hésitation des LR) et des Macronistes en particulier. La petite musique d’une éventuelle dissolution leur plaira comme celle d’un retour des Députés devant les électeurs va être diffusée surtout si le RN devient le grand bénéficiaire au Parlement d’un débat qui s’annonce sans effets.

Le coup foireux de la motion de recours au référendum (priorité au RN) va plonger dans la confusion totale une Assemblée nationale déstructurée. La Marine nationale attend son heure. Elle sait qu’elle viendra. Nul n’a la certitude que si des législatives sont organisées la Nupes en sera la grande bénéficiaire. Inutile de préciser que la machine à sondages fonctionne en catimini sur une évaluation des conséquences d’une dissolution.

Les protestataires et l’opposition silencieuse iront-ils voter ? Vers qui se tourneront-ils s’ils retrouvent le chemin des urnes ? Le palais Bourbon risque d’être encore plus éparpillé et avec une majorité inexistante surtout si la Nupés et le RN se renforcent sans atteindre le nombre nécessaire pour l’avoir seuls. Le Président deviendrait alors « LE » recours surtout dans un contexte économique catastrophique (épouvantable niveau du déficit de la balance extérieure, augmentation des taux d’intérêt rendant la dette insupportable, guerre en Ukraine durable et imprévisible). Les élections du 23 et 30 juin 1968 restent dans les mémoires des vieux comme moi.

Une vaste partie de poker menteur va se dérouler à la buvette de l’assemblée, ce lieu inaccessible aux personnes extérieures où se règlent les ralliements ou s’effacent les aigreurs…La mise est modeste compte tenu des tarifs pratiqués mais les résultats peuvent rapporter gros. Il n’y aura peut-être pas de majorité pour voter le texte mais comme il n’y en aura pas pour une motion de censure.

La réforme des retraites risque bel et bien d’être une bombe à fragmentation incontrôlable par aucun des artificiers. Difficile de prévoir son explosion et les dégâts qu’elle occasionnera mais on connaît au moins celui qui l’a amorcée et qui en porte la responsabilité. Le compte à rebours est enclenché !

(1) Est et Nord de la France

 

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Difficile de prévoir ce que nous cuisine le Machiavel au petit pied, et surtout ce que lui soufflent ses maîtres restés dans l’ombre.
    Pourquoi pas une tentative de briguer un troisième mandat(au moins), à coups « d’arrangements avec le ciel » ?

  2. MARTINE PONTOIZEAU-PUYO

    Bonjour,
    un 3ème mandat à coup d’arrangements avec le ciel !
    es-ce possible sans modifier le code électoral ? s i c’est le cas, qui ira voter ?
    nous sommes une république bananière et nous ne devons pas en être fiers.
    Que le ciel nous vienne en aide et donne un peu de bon sens à tous les politiques qui nous gouvernent et à son César de Président.

Laisser un commentaire