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Des symptômes qui traduisent le malaise général

En 2022, 673 637 décès, toutes causes confondues, sont enregistrés en France à la date du 27 janvier 2023, soit 9,8 % de plus qu’en 2019 (+ 60 181 décès). Ce nombre est toutefois encore provisoire mais la tendance restera sur ces bases. Ce phénomène n’est pas seulement lié à la Covid 19 puisque on évalue à 40 000 le nombre des morts liés à la seule pandémie. Il est difficile de les défalquer du total car nul ne peut affirmer que leur disparition soit causée par le seul virus. En fait d’autres raisons se cachent derrière cette évolution.

L’une des causes que bien des professionnels ont avancé c’est qu’en 2021 et 2022 bien des gens malades ne se sont pas trop préoccupés de leur santé. Les confinements, les difficultés d’accès aux soins, la peur de contaminations dans les lieux d’examen ont eu des conséquences. « Nous estimons qu’environ un million de diagnostics de cancer auraient pu être manqués à travers l’Europe pendant la pandémie de la Covid-19, » estiment les auteurs d’une étude publiée dans la revue The Lancet Oncology. Selon leurs travaux, 100 millions de dépistages n’auraient pas été réalisés durant cette période. Un constat ramené à seulement 6 000 en France.

Fin 2020 des spécialistes affirmaient déjà qu’il pourrait y avoir 1000 à 6000 décès supplémentaires par cancer, liés à la crise sanitaire. « Il y aura des milliers de morts supplémentaires par cancer dans les cinq ans qui viennent, qui n’auraient pas dû mourir », lançait à la même période l’ex-président de la Ligue contre le cancer Axel Kahn, lui-même mort d’un cancer en juillet 2021. Deux ans après le début de la pandémie, si la situation s’est améliorée dans les hôpitaux en France, le Covid-19 continue d’avoir une incidence forte sur ces malades.

Actuellement tous les cabinets médicaux, tous les services sont submergés. Les délais pour être pris en charge atteignent des semaines ou des mois. Souvent le passage aux urgences permettait pour les catégories sociales les plus défavorisés une détection de problèmes graves. Désormais ne sont accueillis que les cas extrêmes ce qui souvent rend la prise en charge beaucoup plus difficile. Quel a été l’impact de la déstructuration par les diverses épidémies ou pandémies du système de santé ? La désertification médicale a également une incidence sur ces statistiques… Bref la France entre dans une période de régression de l’espérance de vie ou au moins sa stagnation !

Les personnes âgées auront été les victimes les plus nombreuses dans ce contexte. Historiquement, il y a des cycles de décès en France, avec plus de décès de novembre à mars en raison des « pics épidémiques », notamment de la grippe. De plus, la part des personnes âgées dans la population française ne cesse de croître, et actuellement, les décès sont principalement ceux de gens très âgés, Cet hiver 2022-2023 a surtout ceci de particulier selon lui que l’épidémie de grippe a explosé peu avant les fêtes de fin d’année. La vaccination n’a pas été par ailleurs au niveau escompté.

A l’arrivée on constate ce haut niveau de décès et une surmortalité. Elle est évaluée à 46.000 décès toutes causes confondues, c’est-à-dire que la France a connu 46.000 décès de plus que ce qui était attendu dans les projections. En 2021, la surmortalité avait été établie à 43.000 décès, « malgré les effets positifs de la campagne de vaccination » contre le Covid, indique l’Insee, et à 56.000 en 2020 après les très fortes premières vagues  ! Le début de l’année 2023 confirme cette tendance.

Un institut de sondage (1) s’est penché sur l’accès aux soins en 2022. Premier élément marquant de l’étude, une part non négligeable de Français déclare avoir dû renoncer à des soins. Loin d’être exceptionnels ou anecdotiques, les chiffres sont particulièrement saisissants. Près d’un tiers des Français (31 %) déclarent avoir déjà renoncé à aller voir un médecin généraliste alors qu’ils en avaient besoin.

Parmi eux, 18 % déclarent avoir dû renoncer « plusieurs fois ». Ce chiffre est encore plus conséquent dans le cadre d’une consultation chez un spécialiste. A ce titre, c’est 42 % des Français qui disent avoir dû renoncer à un rendez-vous chez un médecin spécialiste alors qu’ils en avaient besoin, et 25 % « plusieurs fois ». Le fait le plus grave de ce travail se trouve dans le fait que ce sont les tranches de la population les plus jeunes (18-49 ans) qui renoncent à des soins de tous niveaux.

Les raisons qui poussent les Français à renoncer à un rendez-vous médical se déploient sur trois registres principaux : le temps, 30 % y ont renoncé car le rendez-vous n’était pas suffisamment rapide ; l’absence de disponibilité, 30 % ont renoncé à un rendez-vous car ils n’en ont pas trouvé et le pire des motifs reste l’argent, 26 % expliquent ce renoncement pour des raisons financières. En 2022, plus d’un tiers de la population française a ainsi renoncé à prendre rendez-vous chez un médecin (généraliste ou spécialiste). Au-delà de ce constat, les Français déploraient une dégradation de la situation sur ces 4 dernières années et restaient très inquiets pour l’avenir.

(1) Via Voice juin 2022

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Un phénomène à prendre également en compte est le contrecoup négatif des gestes barrière. Au plus fort de la pandémie et des confinements, on avait noté le très faible nombre de cas de grippe et de gastroentérite, et les observateurs avaient en effet craint que le retour à la (presque) normale et le relâchement de la vigilance correspondrait avec une recrudescence possible des cas de grippe. (Réseau Sentinelle, Covidgripnet , Inserm, Santé Publique France, Sorbonne Université).

    Sujet du jour : la pâte à crêpes est prête, on va fêter le réveil du Soleil.

  2. christian grené

    M’sieur, depuis le 28 janvier et la rubrique annonçant « L’humour et le rire sont en voie de disparition », je comprends mieux ce que tomber de Charybde en Scylla veut dire. Je cite: « Les symptômes qui traduisent le malaise général », « La bombe à fragmentation est lâchée », « Les incendies de l’été… » et autres « L’ignorance citoyenne… »
    M’sieur, il est temps de remonter des Caraïbes en Sicilia.

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