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Mars, le « dieu » de la guerre des prix

Désormais tous les regards vont se tourner vers le 7 mars. La date est cochée sur le calendrier dans tous les secteurs de vie sociale française. La pression va monter et la guerre des mots va débuter dès la semaine prochaine : « blocage inadmissible » pour les uns et « protestation générale » pour les autres. Bien entendu le premier mot d’ordre restera celui du refus de la loi non votée par les députés relative aux disposition de départ vers la retraite. N’empêche que le gouvernement voit se pointer une autre menace risquant d’ajouter au mécontentement : une vague d’augmentation des prix dès le 1° Mars. Alors les démineurs ont été envoyés au front pour ne plus expliquer un texte inexplicable mais pour annoncer que d’inflation il n’y aura point !

Il reste une semaine pour tenter de juguler l’impact des négociations en cours entre la grande distribution et les producteurs. Les ménages français constatent déjà que l’inflation de l’alimentation (hors produits frais) ne faiblit pas et à atteint déjà 14 % à la fin janvier. Les pourparlers commerciaux entre fournisseurs et distributeurs actuellement en cours jusqu’au 1er mars conduiront c’est certain à une nouvelle hausse des prix dans les rayons. Elles sont traditionnellement tendues, mais le sont davantage cette année dans un contexte de hausses des coûts de l’énergie, du transport ou encore des matières premières qui pèsent sur les marges de l’ensemble des acteurs.

Pour rappel, ces négociations concernent l’ensemble des produits à marque dite « nationale» (Danone, Lu, Mondelez…). Les produits de marques de distributeurs (Marque Repères, Produits U ou Carrefour…) ne sont pas concernés. L’astuce concernera dans un mélange habile de hausses fortes accordées pour certains secteurs et de truquages des quantités ou des contenus des produits pour limiter les prix. Les directeurs des moyennes et grandes surfaces connaissent déjà les hausses appliquées au 1° mars et progressivement dans la semaine suivante ! 

C’est parti depuis déjà pas mal de temps. Il vaut mieux ne pas peser par exemple sa baguette ou regarder le conditionnement de paquets de gâteaux car les ajustements cachés deviennent courants. Les prix n’augmenteront pas en apparence ce qui permettra de réduire la globalité des indices.

Le pire des scénarios résiderait dans un non-accord entre les deux camps. Bercy le sent venir et a donc tenté dès hier de tuer le thermomètre que ce brillant ministère avait inventé. Pour masquer l’inflation le gouvernement comptait sur le « panier anti-inflation » qui aurait protégé les ménages des effets massifs de l’inflation. Jusqu’à présent, la liste précise des 50 références concernées n’était toujours pas connue. Elle devrait passer par des engagements volontaires des enseignes, et non pas par des dispositifs législatifs ce qui laisse dubitatif.

Les distributeurs le font déjà avec des listes de produits dits à prix coûtant. Souvent c’est un inventaire à la Prévert qui ne porte pas sur l’essentiel (fruits, légumes, viande, poissons, pâtes, riz…) ou qui concerne des promotions éphémères ou des denrées ayant déjà fortement augment. Les produits y seront classés dans cinq grandes catégories : hygiène, propreté, frais, surgelés et épicerie, mais chaque enseigne sera libre d’établir sa liste comme bon lui semble. On part en plus du principe que tout le monde a les mêmes goûts et les mêmes besoins !

Les producteurs sont totalement hostiles à cet outil de fausse mesure. Alors encore un rétropédalage gouvernementale puisque Bercy s’est déclaré prêt à abandonner cette idée obsolète et vraiment sans effets. Selon le bon vieux principe voulant que pour ne plus mesurer la fièvre il soit habile de casser tous les thermomètres on se contentera de la bonne volonté des principales enseignes. Encore faut-il qu’il y ait accord dans les prochains jours. Exit le panier ! C’est plus prudent et surtout faux-cul au possible ! 

Un cabinet spécialisé a en effet formulé l’hypothèse d’une hausse des prix alimentaires de 15% en juin 2023 (les distributeurs parlent de 20%) par rapport à 2021 ; Il estime que cette augmentation engendrerait, pour un ménage avec deux enfants, un surcoût de l’ordre de 800 euros pour les mêmes achats dans ce secteur qu’en 2021. En 2022, ce surcoût était de 280 euros. Le 7 mars le fameux reste mensuel de la capacité à acheter lorsque les dépenses contraintes auront été défalquées (impôts, énergie, mutuelle, assurance, téléphonie, eau, loyer ou crédit maison éventuels…) et si l’on part vers une grève de plusieurs jours, la grogne augmentera.

Lemaire a aussitôt bondi hors de son bureau de Bercy : « il n’y aura pas de mars rouge ! » a-t-il clamé sur les ondes et devant les caméras. Une nouvelle crise se profile pourtant pour son budget avec un tassement des rentées de TVA. En effet Les ménages français s’adaptent déjà à la hausse des prix. Deux phénomènes s’observent: la descente en gamme, c’est-à-dire la recherche de produits équivalents mais moins chers, des premiers prix par exemple. Et un report des achats vers les enseignes jugées moins chères. Mais l’étape suivante est redoutée par l’ensemble de la chaîne agro-alimentaire : les clients « déconsomment ». Aïe la catastrophe se profile.

Cet article a 4 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    La pratique de la hausse des prix truquée (même prix mais quantité diminuée) m’a toujours exaspéré, surtout en ce qui concerne les produits courants (pain, café en particulier).
    D’ailleurs bientôt, on boira un café dans un dé à coudre…
    Alors en mars, je vais bouillir!
    Ce qui m’inquiète davantage, c’est l’ampleur du tsunami, si j’ose dire. Car l’histoire montre que ces périodes d’inflation précèdent souvent des guerres.
    Allez bonne journée quand même.

  2. J.J.

    Pour ceux qui , comme disait Coluche, les fins de mois sont difficiles, surtout les trente derniers jours, on se demande comment « ils » vont faire pour s’en tirer.
    Avec la dégringolade en cascade de « marques » en réalité très fragiles, qui se sont probablement développées inconsidérément plus vite qu’elles n’en avaient les moyens, combien d’employés vont grossir les rangs de ceux qui se trouvent sur le carreau ?

    Mais il paraît que le chômage baisse, et par conséquent les indemnités et le niveau des conditions afférentes à leur attribution .

    Et si l’on veut vraiment vraiment dénoncer les origines de cette situation, et désigner les vrais responsables(à part des impondérables comme la COVID), on se fait invariablement accuser de tenir des propos impolitiquement corrects.
    Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.

  3. christian grené

    Jean-Marie a entendu une voix qui lui disait: « Lève-toi et Mars! »

  4. facon jf

    Bonjour,
    Bruno « col roulé » Le Maire du Palais est un grand comique! Rappelez vous il a déclaré il y a presque un an «Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe (…) Nous irons jusqu’au bout. On veut cibler Vladimir Poutine, mais le peuple russe va souffrir aussi. On ne peut pas faire autrement», a déclaré mardi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Selon lui, ces sanctions sont «d’une efficacité redoutable. (…) On voit déjà les effets (des sanctions), le rouble a perdu 30%, les réserves russes fondent comme neige au soleil, la montée de l’inflation, les Russes faire la queue devant les banques».
    «Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l’Union européenne qui est en train de découvrir sa puissance économique. (…) Les États-Unis et l’Europe ensemble sont le continent économique et financier le plus puissant de la planète et ont un pouvoir d’action considérable», a averti le ministre le 28/02/2022.
    L’ UE un pouvoir considérable … d’importations de matières premières et d’énergie !!!
    Un an plus tard c’est surtout dans notre pays que sévit l’inflation, voici son prestigieux bilan l’économie à genoux ! Mais pas celle de la Russie:
    Go sport ❌
    Camaïeu ❌
    William Saurin ❌
    San Marina ❌
    Celio ❌
    Kookaï ❌
    André ❌
    France loisir ❌
    Pimkie ❌
    Cop copine ❌
    Gap ❌
    la grande récré ❌
    G.Lafayette ❌
    Et ce n’est pas fini attendez encore un peu vous n’avez encore rien vu …
    Si vous voulez vous faire une petite idée du désastre c’est ici que vous trouverez les entreprises de votre département qui boivent le bouillon:
    https://www.verif.com/Hit-parade/03-Defaillance/01-Par-departement/
    ET ici le Top 10 des entrées en procédure collective en 2022 par CA (chiffre d’affaires)
    SCOPELEC Fabrication d’équipements de communication Languedoc-Roussillon- Midi-Pyrénées Liquidation judiciaire CA (chiffre d’affaires) 463 867 000€ 1 785 salariés
    FINANCIERE DU ROULE (GEOXIA) Activités des sociétés holding Île-de-France
    Liquidation judiciaire CA 261 282 000 € 1 639 salariés
    LUDERIX INTERNATIONAL Autres commerces de détail spécialisés divers Hauts de France Liquidation judiciaire CA 210 995 947€ 1 180 salariés
    CNIM GROUPE Fabrication de fours et brûleurs Île-de-France Liquidation judiciaire
    CA 178 587 431€ 329 salariés
    PLACE DU MARCHE Commerce de détail de produits surgelés Auvergne-Rhône-Alpes
    Redressement judiciaire CA 164 528 520€ 1 666 salariés
    CNIM ENVIRONNEMENT & ENERGIE EPC Ingénierie, études techniques Île-de-France
    Liquidation judiciaire CA 92 937 134 € 48 salariés
    OOGARDEN Vente à distance sur catalogue général Auvergne-Rhône-Alpes
    Redressement judiciaire CA 88 754 284€ 213 salariés
    SMARDTV GLOBAL SAS Fabrication d’ordinateurs et d’équipements périphériques
    Provence-Alpes-Côte d’Azur Liquidation judiciaire CA 85 284 406 €
    SETELEN Travaux d’installation électrique dans tous locaux Auvergne-Rhône-Alpes
    Redressement judiciaire CA 84 968 894 € 784 salariés
    GEOXIA NORD OUEST Construction de maisons individuelles Hauts de France
    Liquidation judiciaire CA 84 494 491€ 233 salariés

    Avoir le Mozart de l’économie à la tête de l’État ça change tout …
    Bonne soirée

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