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Des finances publiques victimes de l’entêtement ultra-libéral

A Bercy on est habitué à vendre du vent ou à persuader que les réformes relatives à des exonérations d’impôts remplacés par des taxes aléatoires sur toutes les formes de consommation. C’est une tradition de fabriquer du trompe l’œil en permanence. Comme tout le monde est formaté sur la même base ultra-libérale et que Bruxelles met sans cesse discrètement la pression sur les décideurs, nous sommes rendus au bord du précipice. La litanie de la sur fiscalisation de la société française est déjà ressortie. Elle n’est jamais mise en rapport avec la nécessaire politique de solidarité dans tous les domaines que doit conduire un gouvernement de pays démocratique ayant dans ses valeurs fondatrices la fraternité et l’égalité.

Depuis une vingtaine d’années avec des décisions plus ou moins libérales les tenants du pouvoir ont accentué la fracture sociale, la crise de confiance et plus encore le lien entre l’effort fiscal et les services attendus ou rendus. Les privatisations ont accentué justement l’échec patent d’une politique basée sur la croissance reposant uniquement sur la loi du marché. Et ce n’est pas fini ! Les transferts en cours s’accentueront dans les prochains mois pour entretenir l’illusion que la solution ne passe que par la diminution des dépenses d’intérêt général.

Tour à tour le Fonds monétaire International et surtout la Cour des Comptes viennent de démontrer que les décisions prises par Bercy et Lemaire comme celles de tous ses prédécesseurs mènent droit dans le mur. Le FMI donne raison (ce qui est paradoxal) aux économistes qui réclament l’arrête du gavage avec le l’argent public des actionnaires. Bien entendu c’est affirmé avec des mots choisis pour ne pas froisser les ultras-libéraux. « Nous avons soutenu le “quoi qu’il en coûte”, mais il est temps » d’y mettre un terme, a lancé, lors d’une conférence de presse, le chef de mission du FMI pour la France. Si certaines mesures ont sauvé des entreprises elles ont aussi permis à quelques-unes d’améliorer leurs profits en dormant !

La mise en garde est sans ambiguïté. Or le gouvernement débloquera encore en effet cinquante milliards d’euros supplémentaires pour soutenir indistinctement les ménages et les entreprises en 2023 tandis que les taux remontent. Le FMI demande de cibler l’aide et de la répartir justement pour économiser. Dans le fond de mettre en œuvre ce que Bercy n’a jamais voulu dans le domaine des recettes. Ce matin sur RTL le patron du distributeur Système U probablement un dangereux anarchiste de gauche dénonçait avec des trémolos dans la voix les « effets d’aubaine » qui ont été ceux des grands groupes.

Pour lui l’inflation suit sa lancée aujourd’hui, en partie à cause des industriels. « Quand l’industriel vient me voir en me disant : ‘Je vous demande une hausse de 18% de mes produits’, le travail de nos acheteurs, c’est de comprendre », explique-t-il à l’antenne. « Nous savons que depuis plusieurs mois, un certain nombre de matières premières est à la baisse et que le transport international est à la baisse. (…) Donc, on essaie de comprendre pourquoi on continue quand même à nous demander des hausses (…) Oui, il y a eu de la recherche d’effet d’aubaine, il y a eu de l’exagération, des superprofits, il y a eu une recherche de reconstitution de marges ». Bref c’est le double pactole : les aides publiques du quoi qu’il en coûte et l’inflation bienvenue 

Or après des années de relative insouciance budgétaire, liée à la baisse continue des taux d’intérêt, l’État a vu les intérêts de la dette s’envoler de 34% en 2022, pour atteindre 51,5 milliards d’euros. La charge financière pourrait ainsi dépasser le niveau des dépenses militaires (dont le montant définitif pour l’année passée n’est pas encore connu) et redevenir le deuxième poste budgétaire, derrière l’enseignement scolaire. Les recettes fiscales ne reposant que sur des taxes touchant inégalitairement les plus pauvres ne progresseront certainement pas au même rythme.

Le rapport annuel de la Cour des comptes, remis jeudi au Président des nantis et publié hier dresse un constat sévère de l’état des finances publiques Le premier président de la Cour des comptes a déclaré : « Nous sommes préoccupés par la situation des finances publiques françaises, parce que nous avons un taux de dépenses publiques dans le PIB qui est le plus élevé d’Europe, à 58 %, et nous n’avons pas pour autant une qualité de service public perçue par nos concitoyens comme étant toujours formidable. Il y a des interrogations sur l’état du système éducatif, sur la politique du logement, sur la politique de santé (…) nous vivons au-dessus de nos moyens », alertant sur le fait qu’« il faut sortir du ‘quoi qu’il en coûte' ».

En attendant Total par exemple se dépêche à couillonner tout le monde en approchant vite ses prix du niveau signalé comme bloqué. Les ordinateurs ont tourné et savent que les bénéfices ne diminueront pas !

Cet article a 6 commentaires

  1. christian grené

    Qu’est-ce qui se passe, Jean-Marie? Je retrouve chez toi les accents du tribun des bancs de l’assemblée départementale. La réforme du système des retraites t’aura donné l’élan nécessaire à ton expression. Faudrait-il, à mon tour, que je retrempe ma plume dans la petite bouteille qui me servait d’encrier pour dire ma colère à d’endroit des pantins qui ont noms Darmanin, Dussopt et Cie? Toujours à l’encre rouge ou noire.

  2. Martinepuyo

    A l’encre rouge !

    1. christian grené

      Non! Comme Stendhal, le rouge et le noir. Et sortir de l’Elysée, celui qui s’y croit .. Reclus.

  3. Laure Garralaga Lataste

    Pour « les cocos », l’encre sera rouge… !
    Pour « les canars », elle sera noire… !
    Je retourne à mes écritures, alors à demain, si vous le voulez bien.

    1. Laure Garralaga Lataste

      OUPS ! il faut lire « les anars » (mot inconnu au correcteur automatique !).

  4. facon jf

    Bonjour,
    la pyramide de Ponzy tremble sur ses bases qui n’ont rien d’antisismique, hier aux États-Unis: La Silicon Valley Bank s’effondre, provoquant la plus grosse faillite bancaire depuis 2008 ! Silicon Valley Bank à Santa Clara en Californie qui gérait 209,7 Milliards de dollars d’actifs pour 175,4 milliards de dollars de dépôts. Peu de temps après avoir annoncé la vente de 21 milliards de dollars de titres (avec au passage une perte de 1,8 milliard de dollars) et ses difficultés à lever de l’argent frais, SVB a vu l’autorité de régulation bancaire de l’État de Californie décider de sa fermeture, et ainsi la priver de toute liberté et marge de manœuvre.
    L’annonce a surpris les investisseurs et a ravivé les craintes sur la solidité de l’ensemble du secteur bancaire, notamment avec la rapide montée des taux d’intérêt qui fait baisser la valeur des obligations dans leurs portefeuilles et renchérit le coût du crédit.
    Les quatre plus grandes banques américaines ont perdu 52 milliards de dollars en Bourse jeudi et dans leur sillage, les banques asiatiques puis européennes ont flanché.
    De ce coté de l’atlantique c’est en Suisse que l’alerte a retenti il y a quelques semaines chez Crédit Suisse. Après une perte de 1,7 milliard de francs suisse (l’équivalent en euros) en 2021, la deuxième banque helvétique a dévoilé jeudi une perte annuelle de 7,3 milliards pour l’exercice 2022 et prévenu qu’elle finirait 2023 également dans le rouge.
    L’action du Crédit Suisse atteint hier son plus bas niveau historique.
    Le secteur bancaire Européen est tout entier dans la tourmente, mais chut! TOUT VA BIEN.
    A preuve le Sénat a adopté dimanche un amendement de la droite, qui demande à l’exécutif d’étudier la piste d’une capitalisation partielle des cotisations retraite des salariés et des indépendants. Suivant ce modèle, les retraités toucheraient une pension dont le montant serait en partie déterminé par les performances financières des investissements réalisés.
    Pas grave si le système capote la modeste retraite des sénateurs restera alimentée par les contribuables qui de fait payent l’ensemble du système .
    « On me répond à juste titre que nous avons un système autonome et que nous le finançons nous-mêmes, certes, mais à partir de budgets publics, de deniers publics car notre indemnité est financée à la fois par notre cotisation, une cotisation employeur au Sénat et par un prélèvement sur les actifs financiers dont dispose le Sénat ». Henri Cabanel Sénateur de l’Hérault, Rassemblement Démocratique Social Européen (DVG)

    La fête du quoi qu’il en coûte se termine, le coup de balai pour nettoyer la salle du banquet va bientôt intervenir.

    Bon repos dominical

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