C’est fou comme toutes les bonnes idées abandonnées car jugées à un moment ou un autre comme ringardes, inutiles ou trop coûteuses peuvent par la magie d’un esprit ayant réinventé la poudre devenir des propositions géniales. Tous les jours il est aisé de constater que à tous les niveaux les initiatives ripolinées par la magie de la politique réoccupent le devant de la scène. Et pourtant que de critiques à mots couverts… C’est fou comme les responsables en place ont la mémoire courte ou mieux que se flattent de leur créativité avec d’autant plus de vigueur qu’ils ne sont jamais intéressés dans le passé au sujet qu’ils présentent.

Récemment le Ministre de l’éducation nationale a admis qu’il serait au moins aussi intéressant de décoder un système médiatique pour au minimum tenter de répondre aux missions d’éducation fixées au système obsédé par la seule connaissance. « Apprendre à apprendre à devenir un citoyen autonome, responsable, solidaire » devrait être une priorité nationale. «Nous souhaitons que tous les élèves, du cycle 2 jusqu’à la Terminale puissent bénéficier, d’une action d’éducation aux médias et à l’information au moins une fois par an. Elle sera obligatoire au collège et souhaitée au CM1, CM2 et au lycée. » a annoncé Pape Ndiaye ! Encore une mesure qui n’en est pas une mais constitue simplement une énième annonce sans aucune vraie consistance.

Il y a quarante j’ai eu le privilège de participer à la mise en place de ce qui est devenu le Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information voulu avec ardeur et conviction par le seul vrai Ministre d’une Éducation nationale de la V° république que fut Alain Savary. Nous fûmes en Aquitaine une trentaine d’enseignants de tous les niveaux sélectionnés en fonction de notre engagement pédagogique et notre expérience à participer à une formation de… 3 mois pour devenir des maîtres-formateurs relais pour aider à comprendre, maîtriser et même contribuer au système médiatique. Une initiative qui s’étiola très vite sauf investissement personnel des intéressés.

La meilleure manière de devenir un citoyen conscient de la force médiatique c’est de confectionner un journal écrit, parlé ou en images. De nombreuses initiatives en ce sens ont eu lieu. J’en fus le témoin, le conseiller ou l’instigateur dans tous l’hexagone. Un ami journaliste à la retraite faisait remarquer que BFM avait titré « la mairie de Bordeaux en feu ! » alors que seul la porte d’entrée a été détruite en partie par un feu de poubelles allumé par des militants que l’on pas rangé dans leur case politique.

Il ajoute que la même chaîne a claironné « l’occupation de la fac de Bordeaux libérée par les forces de l’ordre » alors que ce n’était qu’une infime partie des bâtiments de de l’Université qui était bloquée. Qui sait décoder ? Qui n’avale pas tout et n’importe quoi sous l’effet d’un tweet lapidaire ou d’une affirmation absurde et erronée sur Facebook ? Pour la énième fois il faut répéter et répéter : avec Alfred Sauvy : « Bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés, ils deviennent des sujets ». Et nous devenons des sujets !

J’ai aussi grand plaisir à voir combien le vélo, les déplacements doux reviennent à la mode. A Créon a été créé le premier Pédibus qui n’était pas encore un moins déposé. Ensuite ont été mises en place les lignes du « vélobus ». Le « véloscolib » permettant un accès en libre service à l’école du vélo avait été mis en œuvre avec des bicyclettes de révisées venant des déchetteries. Un contrat de déplacement était signé entre la famille (50 en 2014) et la mairie avait décidé l’interdiction (top partielle il est vrai!) des automobiles vers les écoles. La zone 50 a été l’une des premières de France… c’était il y a plus de 20 ans car il fallait anticiper. Les mauvaises habitudes sont revenues et il faut repartir de zéro ! Tout n’est qu’un éternel recommencement en entretenant l’illusion de la nouveauté. Vous verrez que par les nécessités du temps présent ça reviendra à la mode.

La citoyenneté ne se découvre pas. Elle s’apprend. Elle s’éduque. Elle se pratique. Elle se vit à tous les âges. Vouloir la construire c’est s’user, ce désespérer et revenir à une éducation populaire que l’on a tué par indifférence ou par simple égoïsme. La société française vient de se réveiller avec un coup de poing dans la gueule. Elle a peut-être compris que le temps perdu ne se rattrape jamais. Il y aura du boulot pour faire durer le mouvement en cours. Peut-être que dès la semaine prochaine il aura du plomb dans l’aile et on oubliera.

Antoine Rodin a écrit «  je n’invente rien… je redécouvre ! » C’est déjà pas mal de l’admettre et de profiter de la lueur de la redécouverte pour constater que parfois les germes d’une citoyenneté active et exigeante dérangent pas mal les certitudes des « sachants » et des révolutionnaires compulsifs. Ne croyez rien de ce que j’ai écrit : ce ne sont que poissons d’Avril ! 

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