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Le super héros de la perversion médiatique

Sur le plan purement médiatique et donc au sein de l’opinion dominante quels sont les noms que l’on retient le plus dans l’actualité ? Forcément ceux des personnes ayant enfreint d’une manière ou d’une autre les règles de la vie collective. Plus les actes sont hors normes et plus la « publicité » déversée envahit les supports de diffusion des informations. Ainsi des milliards de téléspectateurs ont eu le privilège de suivre Trump dans son périple judiciaire.

Cette justice spectacle américaine illustre à merveille le fonctionnement d’une société ayant besoin de « héros » défiant l’ordre établi. Si l’on établissait un palmarès des noms les plus connus dans le grand public il n’est pas certain que ce soit ceux de personnalités ayant apporté des actions positives au collectif.

Cette propension à transformer en « vedette » tout acteur d’actions répréhensibles explique probablement des comportements banalisés du quotidien. La séquence de plusieurs heures où toute la planète se passionne pour l’apparition devant les caméras de l’auteur de de faits contraires à la loi. C’est toutes proportions gardées le phénomène du quotidien : le chauffard qui fonce sur un pompier a beaucoup plus d’échos que celui qui lui apporte par solidarité de l’eau et des fruits durant les grands incendies de l’été.

La « béatification » du fautif s’appuie sur la multiplication des « fans » obnubilés par le soutien envers et contre tout de leur favoris. Cette montée de l’idôlatrerie pour des femmes et des hommes piétinant les valeurs essentielles de la morale. Un fait divers d’escroquerie rend plus célèbre que un acte bénévole à l’égard de son prochain. Cette dichotomie creuse un fossé voire un précipice dans les démocraties entre les citoyens sans pouvoir et ceux qui les représentent. Comment éviter des conflits profonds et un détournement profond de l’action publique ? Les USA entament probablement la pire campagne électorale de leur histoire avec cet épisode de l’agitateur du bocal des rancœurs, du racisme, de l’ignorance et plus encore de croyances dévastatrices.

Tenter de convaincre par l’argumentation, la raison, la référence à des valeurs relève d’une saine naïveté louable mais cruelle dans son résultat. Trump est devenu hier le héros de toutes celles et tous ceux qui sélectionnent les sujets de leur haine, qui refusent de comprendre, qui nagent dans les certitudes aliénantes et sans fondement. Croire que nous n’avons pas les mêmes en France c’est perdre pied face à la réalité. Il existe de plus en plus de gens qui se targuent de frauder, de contourner l’autorité, de proférer des insultes ou des menaces à l’égard des porteurs d’une vision un tant soit peu conforme aux règles collectives.

Chez les jeunes le phénomène prend de l’ampleur et commence de plus en plus tôt. Il n’y a plus de limites aux transgressions. Elles confèrent un statut de « caïd », de « leader », de « héros » que les sanctions renforcent et n’annulent pas. Être « ordinaire », « normal », « constructif » relève de la tare. Trump a construit sa notoriété dans l’outrance et le mensonge. Combien d’autres tentent de l’imiter sûrs de leur statut et prêts à tout pour le conserver ? Est-on certain que tant de personnes que ça condamnent de telles attitudes ? De récents événements démontrent que devant les caméras les pires comportements sont les plus populaires. Il y a même des émissions spécialisées dans leur médiatisation.

Trump ne sera plus pour des millions d’américains le diable mais plus certainement un martyr persécuté par une horde de gangsters désireux de mettre à bas son statut de prophète des pires maux du siècle. Et rien ne pourra enrayer ce phénomène dont nul ne mesure pas exactement les conséquences. Un journaliste de CNN estime que Trump « pense qu’être victimisé et attaqué va lui permettre de rallier de nombreux soutiens ». Sa stratégie est malheureusement la bonne. 

En levant le poing serré face à la presse il a donné un signal bien plus fort relayé dans le monde entier, qu’un tweet sur son réseau social. Des heures d’antenne, des millions et des millions de citations de son nom et de son histoire auront permis de galvaniser les adeptes du non-respect de la loi commune. Rien ne l’empêchera de poursuivre sa route vers la Maison Blanche porté par les complotistes de tous poils, les nostalgiques de la chasse aux sorcières de Salem, les ultrareligieux intolérants, des déçus du capitalisme, des patriotes nationalistes , des suprémacistes d’une autre époque, des va-t-en-guerre écervelés, des oublieux de la morale qu’ils réclament aux autres. Une situation qui ne risque pas de se produire en France… Du moins pas pour le moment. Au pays des Lumières il serait étonnant que de telles publics existent.

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « La séquence de plusieurs heures où toute la planète se passionne pour l’apparition devant les caméras de l’auteur de faits contraires à la loi.  »

    toute la planète ? Dans c cas je peux me considérer comme un extra terrestre, car les démêlés de Trump avec la justice, comme disait élégamment Chirac …

    « Un fait divers d’escroquerie rend plus célèbre qu’ un acte bénévole à l’égard de son prochain » : la preuve : monsieur Ponzi , escroc célèbre est quasiment connu universellement. Par contre y a-t-il beaucoup de personnes capables de citer le nom et l’œuvre d’Ambroise Croizat, créateur de la Sécurité sociale, dont bien des écrits sur le sujet ne font même pas mention.

    Je constate quand même que jusqu’à présent en France on a été plus discrets, moins tapageurs, sur les passages en correctionnelle d’un ancien chef d’état(une première, là aussi).
    Les médias furent plus prolixe avec monsieur Cahuzac, mais celui-ci appartenait à un parti considéré plus ou moins à tort comme de gauche.

  2. Alain.e

    Comme je l’ avais déjà écrit ,  » tout ce qui est excessif est insignifiant  » , et ce trump , quel excessif , quel insignifiant , mérite même pas une majuscule à son nom …
    Qui a éteint la lumière dans ce si beau pays qu’ est la France , politiques , technocrates et syndicalistes pour certains ..
    Mon frère et moi , on a bouffé du lion petit , et n’ en faisons pas pour autant tout un cinéma .
    Je dois y aller , je crois que mon train arrive en gare de la Ciotat , j’ ai louis fine encore .
    Cordialement ,

  3. christian grené

    J’ai lu ta chronique du jour dès potron-minet et n’ai pas cru non devoir y ajouter ma graine de sel. Comme Clément, j’adhère!

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