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Toujours moins pour toujours plus cher

A partir du moment où tout le système ultra-libéral s’appuie sur une croissance reposant sur la consommation si le comportement des « acheteuses » et notamment celui des fameuses ménagères de cinquante ans et plus change la menace d’effondrement dus système est réelle. Deux phénomènes s’installent durablement en France et plus généralement en Europe : la baisse des volumes achetés en raison d’une perte croissante du pouvoir d’achat. L’inflation est « heureusement » présente pour les ressources de l’État reposant sur des taxes tous azimuts et les rentrées ne changent guère. 

Un cabinet spécialisé dans l’analyse du marché tire la sonnette d’alarme. Tous les commerçants font le même constat : les gens achètent beaucoup moins et se restreignent sur les quantités ce qui leur permet de gommer partiellement une augmentation des prix. Le constat est en effet implacable avec une chute de 9 % des produits déposées dans les paniers et les chariots. C’est valable sur tous les produits du quotidien et notamment sur l’alimentation.

Dans ce secteur les « économies » en quantité sont à deux chiffres. Les légumes, la viande et plus encore le poisson sont touchés chaque semaine un peu plus. On en arrive à – 18 % sur l’épicerie salée et même à – 50 % sur l’huile ! En volume, selon l’étude récente alors que la population a augmenté on est revenu en dessous de l’année 2019. Une référence inquiétante.

Le paradoxe réside dans le fait que les chiffres d’affaires augmentent ! En passant aux caisses avec moins de denrées les consommateurs laissent cependant une somme supérieure qui permet de récupérer 9 % de hausse pour le distributeur. En fait ce n’est pas une bonne nouvelle sauf pour l’État qui récupère une TVA supérieure. Comme l’inflation est globalement au-dessus de 9 % le résultat n’est pas aussi favorable que prévu. Il se murmure que la « compression des étiquettes » actuelle ne pourrait donc pas durer et que tôt ou tard il faudra répercuter les hausses.

Pour l’instant ceux qui trinquent ce sont les familles les plus modestes. Elles n’ont plus les moyens d’acquérir le minimum vital. Déjà qu’il leur fallait rogner sur toutes leurs dépenses elles tombent dans la précarité alimentaire. On achète au moins cher du moins cher : les premiers prix, les promotions, les deuxièmes ou troisièmes choix, le surgelé et on se rend vers les distributions des organismes de solidarité. Là-aussi l’inflation est palpable avec par exemple + 22 % de fréquentation des Restos du Cœur depuis le début de la campagne dite d’hiver.

En attendant un sondage indique que les Français les plus précaires (gagnant le Smic ou moins) , plus de quatre sur dix (42%) sont contraints de supprimer un repas par jour. Sans aller jusqu’à cette privation, plus d’un Français modeste sur deux (53%) dit avoir réduit les portions consommées lors des repas. Des comportements de privation qui concernent toutes les catégories de ménages les plus précaires: parents isolés, étudiants, retraités, familles, célibataires…

La tentation est grande alors de « voler ». Et justement les attitudes consistant à s’enfuir avec un chariot dans les supermarchés sans vigiles monte. Les responsables s’inquiètent face à cette augmentation des vols car les clientes deviennent de plus en plus agressives et les techniques s’améliorent. Un autre signe ne trompe pas. Une grande affiche pour un quine (loto) dans un village du Créonnais indique que tous les lots, excepté une trottinette, seront de la viande ! Oublié le temps des voyages, des télés, des bijoux ! On passe aux steaks hachés, aux côtelettes, aux rôtis ou aux saucisses.

Le Portugal socialiste fort d’un déficit budgétaire très faible (0,4 % en 2022) vient de décider de suspendre la TVA sur tous les produits de première nécessité alors que son inflation dépasse à peine 10 % et de doubler les aides aux familles les plus défavorisées. Une autre appréciation du « quoi qu’il en coûte ».

Cet article a 9 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Bonjour Jean-Marie
    Ton titre de ce jour provoque en moi une montée de courroux extrême car il évoque pour moi cette habitude qu’ont les commerçants (les grandes surfaces comme l’épicier du village s’il existe encore) de diminuer les quantités en conservant le même prix…
    C’est même valable pour les cafés qui seront bientôt servis dans un dé à coudre si l’évolution continue à ce rythme…
    Bref, on en revient à un comportement dégueulasse et pas imputable à une autre cause que la bêtise et la véritable nature de l’homme: un être qui n’a d’humain que le titre.
    C’est pourquoi le bon Jean de La Fontaine n’a pas eu de mal à s’en inspirer.
    Allez bonne journée quand même!

  2. J.J.

    Et il ne faut manquer d’oublier le bond phénoménal et dévastateur fait par le prix des combustibles de toutes sortes, pour les particuliers comme pour les industries. qui provoque des situations quasi tragiques.
    Plagiant Michel Rocard : « Les organisations humanitaires(laïques ou confessionnelles) ne pourront pas accueillir toute la misère du peuple, même si elles en prennent une large part. »

    On se doutait bien qu’avec la situation de guerre, le magouilleurs et pêcheurs en eaux troubles allaient largement profiter de la situation, s’ils ne l’ont eux même provoquée. Exemple : les curieux sabotages des Nordstream. Comme on dit dans la police : « toujours chercher à qui le crime profite ».
     » Toujours vers l’ouest », comme le suggère Tryphon Tournesol.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.
      Merci pour ce plagiat qui fait renaître en moi des souvenirs de jeunesse…
      perdus !

  3. Pc

    Il fallait bien que cette situation arrive un jour.
    Commercial pendant 30 ans, je me suis battu jour après jour contre la baisse effrénée des tarifs.
    Néanmoins, et par la force des choses, il a bien fallu suivre le mouvement.
    Conclusion de 55/60 salariés en 1985 , nous n’étions plus que 35 en 2010, avec une activité et des marges en hausse…
    Seule et vraie satisfaction, tous mes concurrents casseurs de prix ont coulé, hélas pour leurs salariés.
    Depuis l’apparition de la Grande Distribution, avec en tête le voyou Leclerc (« Leclerc le moins cher  » tu parles!), s’est développée une consommation de l’inutile, avec Coca-Cola et Nutella et autres saloperies comme porte-drapeaux .
    Observer un caddie avant la crise était effarant, jus de fruits, cochonneries sucrées en tout genre, bibelots pour les gosses etc…
    Sans compter les abonnements divers (téléphone, tele etc) qui coûtent un bras.

    Alors on se rabat sur les soldes qui sont une escroquerie scandaleuse, car la plupart du temps bidonnees
    Qui sait par exemple que faire venir de Chine un container de vêtements coûte à peine quelques centimes par tee-shirt.
    Un vêtement vendu à moins 50% genere encore 75% de marge et 40% de marge à moins 70%.
    Tout cela avec des salaires qui baissent par la force des choses (les fonds de pension n’attendent pas)
    Au bout du compte ce sont les salariés et retraités modestes qui payent les pots cassés.
    En retournant à l’essentiel, la consommation revient pour beaucoup à un niveau qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

  4. J.J.

    « En retournant à l’essentiel, la consommation revient pour beaucoup à un niveau qu’elle n’aurait jamais dû quitter. »
    « C’est pas faux ! » comme dit Perceval (dans la série Kamelot)

  5. facon jf

    Bonjour,
    bienvenue dans notre pays en voie de sous-développement, le système le plus menacé est celui de la santé à ce jour, 3 000 médicaments sont manquants dans nos officines, 1 an d’attente pour consulter un neurologue, les urgences fermées la nuit et et… Ce n’est qu’un début continuons la descente aux enfers.
    L’alimentation annonce une inflation à 2 chiffres. Les marchands d’antivols à coller sur les blisters de jambon font de bonnes affaires.
    La facture énergétique a explosé pour l’électricité l’indice calendar*qui ne dépassait pas 100€/Mwh en 2021 a franchi les 1100€/mwh en 2022 et 2023. Pour bien comprendre l’augmentation des prix de gros de l’électricité, il faut regarder ce qu’il se passe sur les marchés des énergies fossiles. Pour comprendre, il faut revenir au fameux marché de gros européen de l’électricité. Sur ce marché où les transactions se font au jour le jour, le prix de l’électricité fixé dépend du type de combustible utilisé dans la dernière centrale électrique que l’on a dû activer (« appeler ») pour produire la quantité d’électricité suffisante pour combler la demande à cet instant. c’est le Mw de bouclage.

    Alors, quand les besoins dépassent la production déjà couverte avec les énergies renouvelables (éoliennes, centrales solaires photovoltaïques, centrales hydrauliques…) ou avec les centrales nucléaires, ce sont logiquement les centrales thermiques, à gaz voire au charbon, que l’on doit démarrer.

    En 2021, les prix de gros du gaz ont connu des hausses spectaculaires. La très forte reprise économique mondiale, après la crise sanitaire, est l’explication numéro un. La guerre en Ukraine, les sanctions économiques associées, la mise hors service des gazoducs Nordstream 1 et 2, ont accentué cette situation, menant l’Europe à des niveaux de prix des énergies fossiles historiquement hauts.
    Quant au CO2, son prix a plus que triplé depuis 2020, ce qui a eu un impact sur le prix de l’électricité produite à partir d’énergies fossiles. Compte tenu des prix du gaz, le charbon, bien que plus émetteur de CO2 pour la production d’électricité, a pu redevenir compétitif face au gaz, et son prix a, à son tour, augmenté.
    La spirale inflationniste sur l’énergie est enclenchée et les prix stagnent bien que le coût réel diminue. A l’heure où j’écris (11h00 ce jour) le prix moyen de l’électricité ** est à 100€/Mwh pour la majorité de l’Europe interconnectée et à 4.16 €/Mwh pour l’Espagne et le Portugal ! oui, oui 24 fois moins cher parce que la péninsule Ibérique a réussi provisoirement a échapper au diktat des Teutons.

    Tout cela ne serait qu’anecdotique si nos grands mamamouchis prenaient conscience du désastre économique qu’ils ont produit. Hors il n’en est rien le discours ne varie pas d’un pouce  » tout va bien !! » j’ajoute « le bateau coule normalement ».
    594 milliards d’exportations, 758 milliards d’importations : si la France reste l’un des plus grands pays exportateurs de la planète, si la valeur des produits français vendus à l’étranger a augmenté de 18,5 % l’année dernière, il faut constater cependant que les importations ont crû à un rythme beaucoup plus élevé (+ 29 %) et que le déficit de 2022 correspond à un véritable effondrement du solde de notre balance commerciale. Avec un déficit équivalent à 7 % du PIB, la France rejoint le groupe des pays les plus déficitaires de la planète, aux côtés du Royaume-Uni et des États-Unis qui en font partie de longue date.
    La planche à billets est la solution provisoire pour écoper notre déficit systémique en acceptant de payer à crédit les pompes à finance nécessaires pour ne pas couler.
    Le revers de la planche à billets c’est la dépréciation de la monnaie qui génère l’inflation. Pour réduire l’inflation il faut réduire la circulation de la monnaie en augmentant les taux et en raréfiant le crédit.
    Et voila encore un moteur de l’économie qui réduit sa puissance l’immobilier !! frappant de plein fouet le BTP ( avide de crédits ) en réduisant le nombre de logements il créé une pénurie encore aggravée par des réglementations aberrantes sur les passoires énergétiques. Le manque de logement augmente mécaniquement le prix des loyers. Et pour couronner l’ensemble faillites et chômage à la clef.

    Je pourrais écrire encore longtemps sur ce naufrage inscrit dans notre avenir!

    Les jeunes dans la galère les vieux dans la misère … Et les 1% toujours plus riches!!

    Pas grave si le bateau France coule, nos dirigeants sont déjà dans les chaloupes en sécurité et ils se dirigent vers les paradis fiscaux où leurs magots les attendent bien au chaud.

    bonne journée

    * Le Calendar N est un produit échangé sur les marchés de gros. Il correspond à la livraison d’une puissance constante sur toutes les heures de l’année N. Il s’agit du produit de référence utilisé dans la construction des tarifs réglementés. Les cotations sont publiées sur le site EEX Futures (eex.com)
    ** https://www.rte-france.com/eco2mix/les-donnees-de-marche#

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami facon j.f
      Que veux-tu, cher ami, nous sommes trop nombreux sur terre… alors… « vieilles et vieux à la poubelle… » !
      Aujourd’hui, nous sommes devenus.es « des encombrants ».
      Et où partent les encombrants… ? à la déchetterie !

  6. Laure Garralaga Lataste

    Le côté positif de ce « Toujours moins pour toujours plus cher », c’est que consommateurs et consommatrices vont apprendre à acheter…  » bon et peu « …
    Plus d’argent jeté par les fenêtres des supermarchés… Moins de déchets dans nos poubelles…

    1. facon jf

      économiser sur l »alimentaire pour pouvoir acheter à crédit le dernier iphone 14 pro max qui coûte un smic est ce bien raisonnable ?? Aux dires du constructeur le bilan carbone passe de 64 pour son prédécesseur à 61 kg d’équivalent CO2. Mais en voila une nouvelle quelle est bonne. Et une bonne excuse écolo pour se faire plaisir et flatter l’égo des bobos. Et dans 2 ans quand le crédit sera fini vite vite son successeur encore plus mieux bien pour regarder les vidéos de chats rigolos !
      Mais puisque l’on vous dit que c’est bon pour la planète…

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