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La mauvaise conduite nous donne mauvaise réputation

Je vieillis c’est une certitude et au volant je deviens un peu pépère même si parfois je tente de me persuader que je ne suis vraiment pas un danger sur la route. Dans le contexte actuel la peur n’est pas nécessairement du coté des conducteurs qui tentent de respecter une accumulation de mesures d’interdiction en tous genres. L’éternel problème de notre époque c’est que si les règlements destinés à favoriser la sécurité existent leur respect devient extrêmement aléatoire. Une très grande majorité a trois analyses simplistes : « le code de la route est fait pour les autres » ; « pas vu, pas pris » ; « si je suis arrêté c’est un scandale car si j’étais arabe on me laisserait tranquille » ! La situation devient donc très inquiétante car elle se généralise à tous les aspects de vie collective. 

Une étude récemment publiée dresse d’ailleurs un constat alarmant. Les « incivilités » qui flirtent avec l’illégalité ne cessent de progresser. Ces dernières années la recrudescence des comportements critiquables au volant est indéniable. Il suffi de circuler en respectant les obligations d’une conduite « normale » pour le constater. Et le pire c’est que les conducteurs ne semblent pas être conscients d’adopter une mauvaise attitude : 97 % citent au moins un adjectif positif pour décrire leur propre comportement (vigilant, calme, courtois…), et pourtant, 85 % des conducteurs citent au moins un adjectif négatif pour décrire le comportement des autres (agressifs, stressés, dangereux…). Extrêmement révélateur de la société actuelle : moi je suis parfait ou j’ai le droit de considérer que l’enfer ce sont les autres !

En réalité, 89 % des conducteurs selon l’étude affirment craindre l’agressivité des…autres au volant, ce qui correspond à un niveau record en 10 ans : dans le reste de l’Europe, ce taux est de 84 %. Et la plupart des incivilités sont fortement surreprésentées en France : 68 % des Français reconnaissent injurier les autres conducteurs (contre 52 % en Europe), 59 % des Français klaxonnent les autres usagers qui les énervent (contre 50 % ailleurs), et 35 % collent délibérément les véhicules qui les énervent (ailleurs 32 %). Enfin, 18 % des conducteurs français sortent de leur véhicule pour s’expliquer avec les autres (contre 22 %). C’est une réalité. Pas une sortie personnelle sans que je le constate. Rouler à 50 dans une traversée de village devient une… faute ! Je suis certain que ça ne vous ait jamais arrivé !

En fait les auteurs de l’étude affirment que nous serions de plus en plus mauvais conducteurs, surpassant bien souvent la moyenne européenne dans les comportements à risque sur la route. En effet, les bonnes pratiques au volant sont de moins en moins respectées, et de nombreux usages prohibés sont pourtant pratiqués au quotidien par les automobilistes de notre pays. Il suffit d’être attentif en roulant pour s’en persuader. Le couillon, le débile, le vieux con c’est celui qui respecte les articles du code.

Par exemple, 74 % des conducteurs français utilisent leur mobile en conduisant et sans système Bkluetooth  ; 49 % paramètrent leur GPS en conduisant, 30% envoient et lisent des SMS ou des e-mails, et 8% regardent même des films ou des vidéos sur leur smartphone. Enfin, 83 % admettent qu’il leur arrive de quitter la route des yeux pendant plus de 2 secondes, ce qui équivaut, à 130 km/h, à parcourir au moins 72 mètres « à l’aveugle ». Qui ose prétendre qu’il ne l’a jamais fait ? Malheureusement ces infractions deviennent très courantes et même ostensibles. La peur de la sanction n’existe plus. C’est une sorte de loto de la répression !

Il y aurait même des comportements plus graves puisque pas moins de 9 % des conducteurs français reconnaissent prendre le volant alcoolisés, et 4 % en ayant consommé de la drogue. On arrive à 13 % d’automobilistes qui déclarent qu’il leur arrive de ne pas attacher leur ceinture, 68 % ne respectent pas les distances de sécurité, 49 % roulent sur la voie centrale alors que la voie de droite est libre, et près de 9 automobilistes sur 10 (89 %) dépassent de quelques km/h la limitation de vitesse. Par ailleurs, 67 % des conducteurs français n’appliquent pas systématiquement la règle du corridor de sécurité et 18 % ne connaissent même pas cette règle.

Le système de limitation de vitesse est devenu tellement complexe et illisible qu’il devient difficile de le respecter. Dans certains secteurs il faut une attention exceptionnelle pour passer de 50 à 80, de 30 à 70, de 80 puis à 50 puis à 30 pour revenir à 50 et se relancer à 70…Tous les riverains d’une route quel que soit son trafic réclament des dos d’ânes, des gendarmes couchés, des ralentisseurs, des chicanes qu’ils critiquent vertement chez les autres. Bref amusez vous à respecter scrupuleusement des panneaux et votre sort sera vite réglé.

Une bande blanche n’a plus de sens. La priorité sur un giratoire est passée de mode et alors ne parlons pas de celle qui veut qu’on laisse passer un véhicule arrivant de la droite. C’est à se demander si certains ou certaines l’ont appris. Et virer à droite ou à gauche sans feu clignotant constitue une normalité désolante. Bref l’irrespect des règles du rouler ensemble illustre l’évolution de notre époque.

(1) Étude réalisée pour la fondation (exonération sur les bénéfices) Vinci par IPSOS

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    « Une très grande majorité a trois analyses simplistes « : j’en ajoute une quatrième que j’ai entendue : « Pour une fois que ça m’arrive(alors que c’était sans doute la quatre-vingt dix-neuvième), il fallait bien que les gendarmes soient là ! »

    Je ne conduis plus très souvent, mais ceux qui « collent », quant ils commencent à me « courir sur le haricot », un petit coup de frein bref et vigoureux (« J’ai été obligé de freiner, il y a un chien qui a traversé ! »), puis démarrage rapide, leur passe l’envie de recommencer ( mais pas leur colère possible, je verrouille les portes).
    Quant à respecter la limitation de vitesse ! Parfois on constate avec étonnement et plaisir que les voitures qui suivent gardent paisiblement leur distance : « Il n’y a pas que des excités aujourd’hui sur la route, des fadas comme nous. »

    Et la signalisation, conçue généralement avec toute la sagacité propre aux fonctionnaires issus des « Ponts », dont nous pouvons apprécier actuellement les redoutables initiatives télécommandées, est un exemple caractéristique du « bon sens de l’administration »(sic).

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